Will Jones évolue dans un monde parfait, débarrassé des soucis du quotidien et des erreurs des générations précédentes. Sa vie est réglée selon la volonté de Carla et Andy, les deux personnes à l’origine de cette société merveilleuse. Employé à l’Académie Historique, il consacre son temps à lisser le passé, pour effacer toutes les aspérités inutiles, tandis que son foyer est géré par Kiss, une dévouée concubine androïde qu’il pourra bientôt remplacer pour un meilleur modèle. Toutefois, sa vie prend une drôle de tournure lorsqu’il découvre un livre dans son vestiaire. Au lieu de le détruire avec les autres, Will décide de le lire. D’autres suivent. Mais qui lui apporte ces ouvrages ? Et pourquoi ?
« Les livres véhiculent des pensées solitaires, volatiles, sans cohésion. C’est mauvais pour tous. L’humanité est une, un grand corps et une grande âme! Il faut penser ensemble… »
Rodolphe complète la grande liste de ses ouvrages de science-fiction avec cette nouvelle série d’anticipation qui emprunte pour beaucoup à des grands classiques comme 1984 ou Le Meilleur des mondes. Malgré quelques petites trouvailles personnelles plus modernes, l’intrigue peine à se détacher de ces modèles, restant dans la grande tradition du genre. La trajectoire du personnage principal, d’abord totalement dévoué à la société dans laquelle il vit, puis confus à l’apparition d’un élément inattendu et enfin sur le point de remettre en question les fondements même de ce monde, n’échappe jamais à un chemin balisé. La suite saura sans doute trouver des axes innovants, mais on peut se contenter de cette entrée en matière par le graphisme impeccable de Griffo, très à l’aise pour mettre en scène cet univers futuriste froid et désincarné. Le scénario, quant à lui, réussit surtout lorsqu’il appuie sur les maux de notre époque, en critiquant notamment assez frontalement la cancel culture, dont les conséquences sur l’avenir sont traitées de façon très sarcastique.
Une nouveauté dont le cadre n’est pas forcément l’atout le plus original, mais qui ouvre la porte à une suite au très fort potentiel.
Arnaud Gueury
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