Titre : Une vie à schtroumpfer
Illustrateur : Peyo
Éditeur : Daniel Maghen
Parution : Novembre 2018
Prix : 59 €
Pour fêter les 60 ans des Schtroumpfs, les éditions Daniel Maghen ont eu la bonne idée de nous préparer un épais recueil sur Peyo, telle une bonne soupe aux schtroumpfs pour les longues soirées d’hiver, dans leur prestigieuse collection des biographies en images qui a déjà accueilli Maurice Tillieux, Will ou encore Tibet. L’ouvrage est découpé en quatre périodes : les débuts de Pierre Culliford, ses années Spirou, la période « studio » (qu’il n’appelait pas vraiment ainsi de son vivant préférant mettre en avant une certaine camaraderie), ainsi qu’une dernière partie plus courte mais pas dénuée d’intérêt sur l’animation, de la première adaptation de La Flûte à Six Schtroumpfs à celles que tout le monde a pu découvrir à la télévision dans les années 1980. Si les dessins animés ont mal vieilli et peuvent nuire à l’image qu’on se fait de lui, cet ouvrage rappelle que Peyo est avant tout, comme le petit garçon de Vivejoie-la-Grande, fort, très fort, TERRIBLEMENT fort : ses albums restent intemporels et son dessin tout en rondeur et efficacité vous absorbe, dès que vous avez le bonheur de plonger dans son univers…
On peut avoir déjà vu une exposition sur Peyo et lu la biographie de l’auteur sans être rassasié pour autant. Les schtroumpfs gourmands pourront se régaler de ce bel ouvrage, luxueux et épais, de 368 pages. Fac-similés de planches originales, de dessins et crayonnés en tous genres, superbement imprimés pour le plaisir des yeux, rythment la lecture, ainsi que des extraits d’interviews de Peyo évoquant son œuvre. On (re)découvre ses géniales influences (Disney, Hergé et surtout Franquin qui lui ouvre les portes de Dupuis) et ses premiers dessins de commande encore hésitants, puis l’âge d’or avec Johan et Pirlouit, incontestablement son chef-d’œuvre, et enfin la période Schtroumpfs et Benoît Brisefer, sans que ne soient oublié le reste de sa production plus confidentielle (Poussy, Pierrot et la Lampe…). S’il s’agit avant tout d’un beau livre d’images, rien n’étant véritablement inédit dans le texte (si ce n’est peut-être l’anecdote croustillante de son collaborateur et ami François Walthéry en préface), les extraits d’interviews sont intéressants pour le regard que l’auteur porte sur son propre travail. On apprend pèle-mêle l’origine de son pseudo, le personnage qui lui ressemble le plus, on découvre que son épouse et coloriste, Nine, avait validé la recette de la Schtroumpfette, ou encore que la collaboration avec les scénaristes d’Hanna-Barbera pour les dessins animés n’était pas toujours facile ! Une bonne idée est d’avoir repoussé les références bibliographiques à la fin de l’ouvrage, pour que la lecture soit fluide et aille à l’essentiel. Le plaisir était déjà total, le voilà encore plus grand ! On voyage véritablement comme dans un rêve dans l’œuvre de l’auteur, commentée par lui-même comme s’il n’avait jamais vraiment quitté ce monde : moment suspendu de poésie et de talent graphique. S’il n’y avait cette fichue nécessité de ranger le livre dans la bibliothèque, on refuserait de le fermer.
Un ouvrage qui rend hommage comme il se doit à un génie de la bande dessinée.
Nicolas Raduget
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