- Titre(s) : Une femme dans la course
- Scénariste(s) : Gwénola Morizur
- Dessinatrice(s) - Coloriste(s) : Marie Duvoisin
- Editeur(s) : Le Lombard
- Parution : Septembre 2024
- Prix : 19,95 €
- EAN : 9782808211291
Été 1959 dans la campagne creusoise. Christine Rivage est une petite fille pleine de vie, très proche de sa maman enceinte qu’elle aide dans les tâches quotidiennes de la ferme. À la suite de nombreux efforts et d’un choc émotionnel provoqué par l’accident de leur chien Tornade, la mère de Christine perd la vie mais également le bébé auquel elle devait donner naissance. Dès lors, à seulement 10 ans, Christine se réfugie dans la course à pied pour évacuer sa rage contre l’automobiliste qui a percuté Tornade, la terreur de vivre sans sa mère, le chagrin de la sœur ou du frère qu’elle ne connaîtra jamais et la tristesse, poisseuse, qui s’accroche sur toute la surface de son corps. Lorsqu’elle découvre l’existence du marathon de Paris, elle sait ce qui lui reste à faire. Cependant en 1971, date à laquelle elle décide d’y participer, elle ignore que les femmes ne sont pas autorisées à le faire pour de prétendues raisons médicales. Peu importe, Christine met absolument tout en œuvre pour prendre part à cette course de 42,195 km, quels que soient les obstacles dans le but de couvrir la distance et pour écrire, grâce à sa détermination, une page de l’histoire du sport féminin.
Cette fiction, inspirée librement de l’histoire de femmes ayant ouvert la voie comme Bobbi Gibb, Kathrine Switzer ou encore Chantal Langlacé dans le domaine du marathon, est finement écrite pas Gwénola Morizur (Tara) qui se qualifie elle-même de non-sportive. En mixant toute la documentation acquise sur le sujet – dont quelques pans sont présents en fin d’album – avec l’histoire de son héroïne Christine Rivage, la scénariste nous plonge dans une aventure humaine incroyable qui met en exergue le mépris de la femme et l’emprise du patriarcat dans le monde de la course à pied dans les années 70. Le lecteur saisit aisément le contexte et comprend vite pourquoi courir devient une nécessité pour la jeune fille, la mort de sa mère et le contexte familial (le travail à la ferme et la vision très patriarcale de la place de la femme aux yeux de son père). Pour ajouter un peu plus de réalisme à sa création, l’autrice glisse des sentiments amoureux, ceux de Marcel envers Christine depuis qu’ils sont petits et ceux, réciproques cette fois-ci, entre la jeune fille et l‘infirmière de son père, Joëlle. Ce beau récit est parfaitement mis en image par Marie Duvoisin (Jukebox Motel) dans un style réaliste et très expressif, un trait tout en finesse bien exacerbé par un belle palette de couleurs.
À l’heure où les Jeux Olympiques sont finis et ceux paralympiques s’achèvent dans deux jours, il est bon de rappeler ce combat mené par des femmes pour avoir le droit de courir. Surtout lorsque cela est fait de si belle manière !
Stéphane Girardot
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