- Titre(s) : Une éducation orientale
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Charles Berberian
- Editeur(s) : Casterman
- Parution : Octobre 2023
- Prix : 25,00 €
- EAN : 9782203273610
Alors qu’il commence à illustrer un texte d’Arnaud Cathrine, Mon père est un super-héros, Charles Berberian se retrouve, comme de nombreuses personnes en France, confiné à cause de la Covid-19. La dernière fois que l’illustrateur s’est retrouvé coincé chez lui à dessiner, c’était en 1975 au Liban. La guerre civile s’était installée à Beyrouth et personne ne savait combien de temps cela allait durer. Petit à petit, des souvenirs remontent. À travers eux et des réflexions personnelles s’engagent une succession d’allers-retours temporels entre Paris et la capitale libanaise où l’auteur nous partage son pèlerinage à ses origines et évoque les conséquences de l’Histoire sur sa propre histoire familiale.
Charles Berberian (Wah Wah) livre avec Une éducation orientale une œuvre qui est probablement la plus intime qu’il ait proposée jusqu’à présent, un peu à l’image du « aaj’a » (bordel ambiant) de Beyrouth que l’auteur aime à dessiner. Car il n’y a pas de chronologie dans les souvenirs qui nous sont présentés. Ils sont posés sur papier un peu comme ils viennent et ne sont que des allers-retours entre diverses époques et divers lieux des capitales française et libanaise. Cependant, leur association offre une cohérence globale à l’ensemble de l’album et un regard juste sur les différentes situations traversées. Il en ressort une extrême bienveillance, de l’admiration et de l’amour en ce qui concerne les êtres chers et disparus qui jouent encore ici des rôles essentiels. On pense à « Yaya » Lucy Économidès (sa grand-mère maternelle), aux parents de Charles Berberian et bien sûr à son frère Alain. Ainsi, le temps de cette cette bande dessinée, ceux qui ne sont plus comme ce qui a été détruit, à l’instar de l’immeuble Tarazi à Beyrouth où habitait sa grand-mère et où il a vécu un temps, reviennent à la vie. Cette ville a tellement connu de drames, le dernier en date étant les explosions au port de la ville le 4 août 2020, un sujet également abordé ici. La mise en images est au diapason du flux temporel et se veut protéiforme. Photos, collages, aquarelles, dessins aux crayons ou au stylo illustrent de manière généreuse et enthousiaste ce récit très émouvant aux couleurs parfois chatoyantes.
Fond et forme délivrent une charge émotionnelle intense pour ce devoir de mémoire familiale, porte d’entrée vers un pan de l’intimité de Charles Berberian.
Stéphane Girardot
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