Titre : Un bébé si je peux
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Marie Dubois
Éditeur : Massot-XXI
Parution : Février 2021
Prix : 19€
Marie, jeune femme sans histoire, profite de la vie, multiplie les aventures, a un faible pour les musiciens. Jusqu’à la rencontre avec l’homme de sa vie. Viennent l’organisation de la vie de couple, l’envie d’un enfant… et tout se gâte. Malgré leur envie et leurs multiples essais, le couple ne parvient pas à enfanter. Ils vont découvrir et se heurter à la pression sociale, aux examens, aux explications médicales, à la bonne manière de s’envoyer en l’air, de « remuer le gigot, de chatouiller le nénuphar ». Après avoir cherché lequel des deux était infertile, le verdict : Marie est atteinte du syndrome des ovaires polykystiques autrement dit le Sopk. Le couperet, la culpabilité et la PMA : l’insémination artificielle d’abord, la fécondation in-vitro ensuite. Le lecteur suit alors les périples de ce couple en mal de bébé, ce voyage en infertilité, ces violences gynécologiques, cette honte, cette envie irrépressible de parfaire une vie en fondant sa propre famille.
Passionnant : c’est le mot qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on boucle les 132 pages de ce magistral ouvrage. On ne peut que s’attacher à cette jeune femme qui ne parvient pas à mettre en œuvre une grossesse désirée. On la suit avec ses amis, ses proches, sa famille, l’homme de sa vie. Le couple vivra une immense culpabilité qui les poussera parfois à se refermer sur eux-mêmes. « Arrête d’y penser, ça viendra ! »… Mais que penser de tous ces examens gynécologiques, cette dépossession du corps, ces manques de considération, ces moments de doutes persistants, ces espoirs déçus, ces larmes, cette vie rythmée par les traitements chronophages et lourd ? Ce voyage en infertilité est conçu comme un roman scientifique très bien documenté. Avec humour, intelligence et émotion, le lecteur est plongé dans une démonstration humaine et physiologique. On découvrira par exemple que l’infertilité à d’abord été considérée comme mentale, puis qualifiée d’hystérie (utérus en grec), en 1940 on parlera de frigidité émotionnelle. On apprendra également que les spermatozoïdes étaient appelés à leur découverte les « animalcules » et bien sûr on saura tout sur les différentes méthodes, parfois intrusives, toujours violentes, de parvenir à mettre en route une procédure de fécondation in-vitro ou d’insémination artificielle. Marie Dubois percute et lève tous les tabous. Le roman est graphique, tout en douceur : le bleu et le jaune dominent dans des tons pastels et apaisants et ce dessin simple favorise les expressions et fait passer les émotions. La modernité et le ton collent parfaitement à ce problème sociétal qui touche un couple sur cinq.
Un sublime voyage en intimité, une œuvre écrite sans tabou, qui éclaire et déculpabilise : à mettre entre toutes les mains.
Jérôme Prévot
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5 Responses to “Un bébé si je peux”
15 décembre 2021
Un bébé si je peux – MASSOT ÉDITIONS[…] La Ribambulle 26 mars 2021 : https://la-ribambulle.com/unbebesijepeux/ […]
16 mars 2023
Un bébé si je peux – dev massot[…] La Ribambulle 26 mars 2021 : https://la-ribambulle.com/unbebesijepeux/ […]