Titre : Bons baisers de Machy
Scénariste : Philippe Pelaez
Dessinateur – Coloriste : Casado
Éditeur : Casterman
Parution : Janvier 2019
Prix : 11,95€
Mais pourquoi Marie-Madeleine Madac Miremont et ses huit enfants dans leur « combimachin-Wagen » sont-ils poursuivis par des angliches d’Angleterre ? Vous devez penser qu’ils ne sont pas très nets, mais les apparences sont trompeuses. Revenons en arrière. Marie-Madeleine vit seule à Machy dans l’Aube avec ses huit enfants : Marcel, Maurice, Mauvert, Murat, Magalie, Mathilde, Mireille et… Sarah. Et comme elle le dit si bien, pour elle la vie n’est pas simple et il est difficile de joindre les deux coins. Mais elle ne se laisse jamais abattre. Car de l’autre côté de la route, en face de l’ancienne maison d’un garde-barrière (son père) qu’ils occupent, il y a son champ d’épinards. Ainsi, elle peut – avec l’aide de ses petits – préparer des tartes qu’elle vend sur le marché. Et c’est l’idée qui a mis le feu aux poutres ! Enfin, c’est plutôt la livraison par erreur d’un colis en provenance de Somalie avec des plantes à l’intérieur qui a tout déclenché. Ne sachant pas les identifier mais en les goûtant quand même, Marie-Madeleine décide d’en mettre dans ces fameuses tartes. Le lendemain, le succès est immédiat auprès des clients mais c’est aussi le début des ennuis pour la famille car les dites herbes sont en fait du Khat !
Philippe Pelaez nous avait embarqué avec son excellent « smash up » des œuvres littéraires Peter Pan et Oliver Twist (Oliver et Peter) et sa très bonne fiction dystopique Parallèle. Le scénariste continue sur sa lancée en ce début d’année 2019 avec cette nouvelle série mais dans un registre différent : celui de la fable humoristique contemporaine. À travers une histoire rocambolesque et drôle, l’auteur met en avant une mère qui fait tous les sacrifices nécessaires pour ses enfants dans un cadre mono-parentale très commun de nos jours. Sans trop jouer sur la corde sensible, c’est un bel hommage qui est fait à ces femmes qui élèvent seules leurs enfants dans un contexte économique difficile. Et puis il y a des répliques très bien senties et subtilement placées qui vous feront rire (beaucoup même !). Du genre : « Where is Brian ? » « Brian is in the kitchen ! » (classique de l’apprentissage de l’angliche) ou encore les paroles de Johnny B. Goode de Chuck Berry. Sans oublier le quiproquo lingual sur les noms des malfrats ! Ajoutez à cela une pincée satirique du monde politique et vous avez là de quoi passer un excellent moment de lecture dont vous ne perdrez aucune miette. Un sentiment exacerbé par la prestation graphique du dessinateur catalan Casado qui réalise ici son troisième album après les deux premiers tomes des Aventures ahurissantes de Benjamin Blackstone. Le style est différent mais l’efficacité est au rendez-vous tout autant que l’intérêt suscité. Certes la mise en couleurs est moins « flashy » que dans la série sus-citée mais l’approche chromatique y est toujours aussi personnelle et agréable. Pour le coup, nous sommes curieux de savoir ce que Philippe Pelaez a prévu pour la suite.
Une très très bonne entame pour cette série pleine de fraîcheur.
Stéphane Girardot
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