© 2022 Casterman / Éditions Moulinsart / Tintinimaginatio

• Titre(s) : Les Cigares du Pharaon
• Scénariste(s) - Dessinateur(s) : Hergé
• Editeur(s) : Casterman & Moulinsart
• Parution : Octobre 2022
• Prix : 19,95 €
• EAN : 9782203237780

Tintin et Milou sont en croisière en pleine mer Méditerranée sur un paquebot qui les mènent vers l’Orient, plus précisément à Shanghai. Ils ne sont pas en vacances et font ce voyage pour les besoins d’un nouveau reportage destiné au journal Le Petit Vingtième. À bord, ils font la connaissance d’un égyptologue un brin distrait, à la recherche du tombeau du pharaon Kih-Oskh, et du milliardaire Roberto Rastapopoulos, propriétaire de la société de cinéma Cosmos Pictures. Si le second lui laisse une mauvaise impression lors d’un bref échange, le premier l’invite à participer à sa quête lors de leur escale à Port-Saïd. Malheureusement, le reporter est arrêté pour trafic de cocaïne et d’opium par les agents X33 et X33 bis. En effet, ces substances illicites ont été retrouvées dans ses valises. Mais qui a bien pu les mettre là ? Grâce à sa malice, Tintin arrive à s’échapper du navire avec Milou. Une fois à terre, ils tombent par hasard sur l’égyptologue, en route pour le désert afin de pénétrer dans le tombeau du roi égyptien. Le trouveront-ils ? Tintin découvrira-t-il qui cherche à lui nuire ? Une enquête dangereuse mène le reporter et son fidèle chien de l’Égypte au royaume de Rawhajpoutalah en Inde !

À peu près tout le monde connaît cette quatrième aventure de Tintin éditée en 1955. Mais moins nombreux sont ceux ayant lu l’édition originale qui s’appelait à l’origine Les aventures de Tintin reporter en Orient, Les Cigares du Pharaon et qui a été publiée en album en 1934. Il est d’ailleurs le premier paru exclusivement chez Casterman, les autres étant estampillés Éditions du Petit Vingtième. Cette version colorisée est donc une aubaine, dans la même lignée que celle offerte par Tintin au pays des Soviets, car elle nous permet de lire un Tintin 100% dessiné par Hergé, avec ce trait plus rond inspiré de l’Art Déco et toutes ses naïvetés (la publication de 1955 a été redessinée par Hergé avec l’aide de Bob de Moor notamment), et d’en découvrir la mise en valeur via une palette graphique respectant tous les traits et les aplats noirs de l’auteur, qui s’inspire de la colorisation des vieux films. Il y a bien évidemment beaucoup d’autres différences entre ces deux éditions. Si dans la version de 1934 Roberto Rastapopoulos, l’ennemi juré de Tintin, est bien nommé, l’archéologue distrait ne s’appelle pas encore Philémon Siclone. De même que les agents X33 et X33 bis ne répondent pas encore aux patronymes de Dupond et Dupont. Dans la forme, l’histoire compte 124 planches de 6 à 9 cases maximum, ce qui est bien plus que la version vendue aujourd’hui qui en possède 62. La préface écrite par Philippe Goddin permet d’aller encore plus loin dans la lecture. En effet, l’éminent hergéologue met en lumière de nombreuses sources d’inspiration d’Hergé, des aspects de sa personnalité inscrite dans le récit et des détails disparus lors de la refonte en 1955.

Un album riche qui permet une nouvelle approche de cette aventure et de l’œuvre d’Hergé.

Stéphane Girardot