Titre : Du fond des tripes
Scénariste : Jason Aaron
Dessinateurs – Coloristes : Jason Latour & Chris Brunner
Éditeur : Urban Comics
Collection : Urban Indies
Parution : Novembre 2018
Prix : 15,50€
Après des années où il s’était permis de faire régner la terreur dans sa ville tant que son équipe de football gagnait, Coach Boss commence à voir la situation lui échapper. Depuis qu’il a fracassé le crâne d’Earl Tubb devant tout le monde, tout va de travers. Les premières défaites des Runnin’ Rebs et le suicide de Big, son coordinateur défensif, libèrent certaines personnes qui aimeraient bien se débarrasser de lui. Tandis que le fantôme de Tubb s’apprête à le frapper, Coach Boss franchit une autre ligne jaune en tabassant la vedette de son futur adversaire…
« On dirait que vous avez vu un fantôme, Coach. On m’a fait passer le protocole commotion. Même sur une jambe, je suis plus rapide que vos défenseurs de merde. Je vais vous montrer comment gagne un homme. Sur le putain de terrain. »
Autant l’avouer, après avoir vu avec quelle violence le « héros » de cette série se défaisait de ses problèmes, il est bon de le voir se faire malmener aussi bien physiquement que moralement. Ses méthodes ignobles ne pouvaient laisser entrevoir qu’une chute aussi rude, mais Jason Aaron la mène pas à pas pour déconstruire l’idole de Craw County dans ce qu’il a de plus précieux : son équipe de foot, placée au dessus de toute vie humaine. Cette ironie mordante appuie la description désabusée et cynique des états du Sud, dont les auteurs sont issus, dans un polar sanglant et atypique. On ne peut qu’être choqué par l’attitude de ces personnages passifs autour d’un leader fort, heureusement que le scénariste assaisonne l’ensemble d’un humour très noir que Jason Latour illustre à la perfection. L’entente des deux compères est parfaite et leur série est l’une des plus addictives du moment, pour peu que l’on adhère à autant de noirceur et qu’on sache en percer le second degré.
Après la grandeur, voici la décadence amorcée d’un être qu’on va aimer voir souffrir.
Arnaud Gueury
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