
© 2016 Casterman
Titre : Séducteurs de rue
Auteur : Mélanie Gourarier
Scénariste – Dessinateur : Léon Maret
Éditeur : Casterman
Collection : Sociorama
Parution : Avril 2016
Prix : 12€
Jade discute avec une amie dans un bar. Le sujet de leur conversation tourne autour d’un garçon, Sacha, qui l’a invitée au resto. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que Sacha est un AFC, un «Average Frustrated Chump», un mec frustré de base. Et son cas est bien avancé car, avec la jeune fille, il est dans une situation d’O.I. (One It is) qui lui fait perdre tout contrôle de ses sentiments. Déjà qu’il n’était pas très sûr de lui, cela n’arrange rien ! Il devient alors très lourd et sa relation avec Jade s’arrête assez rapidement. Peu de temps après, alors qu’il est avec sa meilleure amie Raphaëlle, Sacha revoit Jade avec un autre garçon devant le café où elle travaille. Ce qui le rend dingue car elle lui avait affirmé ne vouloir sortir avec personne, pour rompre plus facilement. Malheureusement pour elle, cet autre gars est un de ces «Pick Up Artists», littéralement «artistes de la séduction». Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Bienvenue dans Sociorama !
Avant de vous parler de Séducteurs de rue, il est nécessaire d’introduire la collection Sociorama. L’idée de base en est d’associer des auteurs de bandes dessinées curieux d’un domaine précis, la sociologie, avec des sociologues amateurs de BD. Ces derniers ont notamment créé l’association «Socio en cases». De ces rencontres résultent des créations totalement ancrées dans le factuel, sans parti pris, permettant de mieux appréhender certains phénomènes de société anciens ou nouveaux. Dans le cas présent, l’histoire scénarisée et dessinée par Léon Maret s’appuie sur une étude de l’anthropologue Mélanie Gourarier qui, pendant trois années, a suivi ces «artistes de la séduction». Sous couvert d’une approche pleine d’humour, l’auteur retranscrit de manière claire les points essentiels de cette enquête dont elle tire une conclusion assez glaçante et que nous vous laissons découvrir lors de votre lecture. C’est très intéressant mais surtout instructif. On pourrait même aller jusqu’à dire que Séducteurs de rue est d’utilité publique. En ce sens qu’il permet une identification plus facile de ce genre d’individu pour la gente féminine. Car ne nous leurrons pas, le seul but qu’ils se fixent est de «sarger» (NDLR : chasser) un maximum. Vous comprendrez ainsi, même si cela peut choquer et c’est tout à fait compréhensible, pourquoi ils agissent ainsi. De même qu’un lexique en fin d’album vous donnera accès au vocabulaire usuel qu’ils emploient.
Une collection intelligente et utile qui ouvre les yeux sur des phénomènes de société auxquels nous ne faisons pas forcément attention. Le choix du sujet est judicieux, en ces temps troubles où le harcèlement de rue est malheureusement monnaie courante.
Stéphane Girardot
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