Titre : Snegurochka
Scénariste – Dessinateur : Hiroaki Samura
Éditeur : Casterman
Collection : Sakka
Parution : Février 2016
Prix : 12,95€
1933, URSS. Sur les bords du lac Onega en Carélie, Belka, une jeune fille en fauteuil roulant, et Shchenok, son serviteur, offrent à Ilia Evgenevitch Bykov, qui est un membre de l’OGPU (Police d’État de l’Union Soviétique), l’exil. Ils lui procurent un moyen de fuir vers l’Angleterre avant de faire partie des purges amorcées par son Excellence le secrétaire général. Un geste altruiste mais surtout un moyen pour eux d’occuper la datcha qui appartenaient à une famille d’aristocrates et dont Ilia est l’intendant. Cependant, ils n’occupent pas la bâtisse plus d’une journée avant que l’OGPU ne vienne les interroger. Qui sont-ils réellement ? Quel est leur objectif ? Au fur et à mesure que se révèle leur histoire, elle s’entremêle avec l’Histoire. Plus précisément avec celle de la Russie impériale. Le pouvoir de la jeune Union Soviétique serait-il menacé ?
Après L’Habitant de l’infini, le percutant manga de sabre, Hiroaki Samura revient en changeant complètement de registre et de lieu avec Snegurochka. Littéralement, le titre signifie « La Fille de neige ». Une référence à un figure du folklore russe qui n’est autre que la petite fille de Ded Moroz ou encore la fille d’un personnage féminin incarnant le printemps et d’un autre masculin représentant les grands froids. Une belle métaphore illustrant la vie de Belka qui prend place dans un thriller politique à la fois glaçant et violent. Un récit qui vous entraîne aisément sur les traces de la famille impériale à travers la jeune Union Soviétique où le spectre de Staline plane en permanence. L’ensemble est parfaitement documenté, intense et prenant. Une précision que l’on retrouve même lorsque l’auteur cite l’opéra éponyme de Nikolaï Rimski-Korsakov postérieure à la pièce d’Alexandre Ostrovski sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski. L’auteur s’appuie d’ailleurs sur des faits réels pour alimenter cette fiction où l’interprétation porte sur l’éventuelle survie d’un des membres de la famille Romanov. A vous de découvrir lequel ! Graphiquement, Hiroaki Samura sert un dessin incisif axé sur l’expressivité des personnages et les ambiances car l’essentiel de l’album est en quelque sorte une succession de huis clos. Ce qui se traduit par la quasi absence de paysages russes à proprement parler. Cependant, le dessinateur s’est directement inspiré de la maison de Tolstoï pour mettre en images la datcha où tout commence.
Un très bon seinen sur une période importante et sanglante de l’après révolution russe.
Stéphane Girardot
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