- Titre(s) : Les Nouveaux Russes
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Pierre-Henry Gomont
- Editeur(s) : Dargaud
- Parution : Août 2023
- Prix : 21,50 €
- EAN : 9782505119821
Alors que les compagnons de Slava poursuivent leur démantèlement de la mine, afin d’en tirer clandestinement un meilleur prix que leurs maigres salaires, Lavrine se retape doucement après le dernier avertissement que lui a administré Troubetskoï. Largué dans un village perdu, amputé d’une main, il retrouve pourtant vite ses réflexes d’arnaqueur et découvre un moyen de se constituer une petite fortune en récupérant à bas prix les bons d’échange offerts par l’Etat russe aux travailleurs. Son activité va lui permettre de se faire remarquer par ce que le pays compte de meilleurs opportunistes, jusqu’à recroiser son vieil ami peintre…
« Tu veux savoir comment je l’ai perdue, ma main? Je l’ai perdue parce que j’ai entubé par deux fois un homme puissant… Parce qu’au fond de moi, je suis comme ça. Je suis un type qui vendrait son père pour un billet de 50 roubles. »
Si la série porte le nom de l’artiste un peu perdu qui en est le protagoniste principal, c’est pourtant bien les personnages évoluant autour de lui qui sont le cœur du récit, à commencer par l’immoral Lavrine, lâche profiteur d’une époque troublée qui voit le capitalisme le plus effréné déferler en Russie. Pour autant, Pierre-Henry Gomont n’oublie pas de lui donner une certaine complexité, ce qui permet de s’attacher à lui malgré ses nombreux dérapages. Le reste de la galerie brosse un portrait assez large de ces années sans foi ni loi, qui ont vu émerger les oligarques et bien d’autres nouvelles fortunes faites sur le dos des travailleurs et de l’ancienne population soviétique à la chute du communisme. L’auteur est ainsi d’une justesse rare sur ces portraits, qui dessinent tous les changements d’un pays et dont les répercussions résonnent particulièrement fort ces derniers temps. Graphiquement, c’est tout aussi impressionnant, par l’utilisation d’un trait incroyablement énergique, ponctué d’onomatopées en cyrillique et de quelques phylactères ne contenant rien d’autre qu’un petit dessin plus explicite qu’un dialogue. C’est malin, original et diablement efficace !
Une aventure qui dévoile avec humour et malice tous les aspects de l’effondrement d’un grand pays.
Arnaud Gueury
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