Titre : Le Sculpteur
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Scott McCloud
Éditeur : Rue de Sèvres
Parution : Mars 2015
Prix : 25€
Pour son vingt-sixième anniversaire, David Smith semble porter sur ses épaules tous les malheurs du monde. Sa chance de devenir un artiste reconnu semble s’être évaporée, et il sera dur de remonter la pente. Pourtant, une drôle de chance d’y parvenir va lui être proposée : il lui est en effet offert le pouvoir de tout modeler de ses mains avant de mourir au bout de 200 jours. David n’hésite pas longtemps, son envie de laisser une trace sera à ce prix. Pourtant, très vite, les complications arrivent. Sans idée neuve, ses premières créations n’atteignent pas leur objectif et le temps presse. Sans compter qu’une femme est entrée dans sa vie, du moins dans ses derniers moments…
Époustouflant, merveilleux, bouleversant, tous les adjectifs positifs peuvent être employés pour cet album hors normes. Est-ce d’ores et déjà l’oeuvre d’une vie pour Scott McCloud ? Probablement, même si sa riche carrière est loin d’être finie. Créateur du concept des 24 heures de la bande dessinée, théoricien reconnu dans son domaine, l’artiste américain touche du doigt tellement de sujets au cours des quelques 500 pages de ce livre qu’il est dur d’en faire un résumé complet. Sa première envie est toutefois d’aborder le thème de la création et du désir de reconnaissance qui se heurtent à la difficulté d’exprimer ses émotions et ses idées. Une part autobiographique sans doute qui est magnifiée par la touche fantastique façon mythe de Faust qu’il lui adjoint. Seul bémol, le récit se complète rapidement d’une romance impossible un peu mielleuse façon Love Story qui trouble un peu plus encore son héros (et le lecteur). Tournant au mélodrame, la fin ne manquera pas de faire chavirer les plus sensibles, virant parfois à la guimauve, pendant que le dessin, somptueux et d’une grande expressivité, exprime tout ce que l’auteur a voulu faire passer sans abuser de dialogues.
Un album aussi dense qu’imposant, tout simplement indispensable malgré quelques réserves.
Arnaud Gueury
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