Quentin Zuttion © Le Lombard, 2025
- Titre(s) : Sage
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Quentin Zuttion
- Editeur(s) : Le Lombard
- Parution : Septembre 2025
- Prix : 22,95 €
- EAN : 9782808214803
Cela fait six jours que Quentin n’a pas mis le nez dehors, qu’il est là, immobile chez lui. Il reste cloîtré dans son appartement de 20 m² autant pour se faire oublier que pour s’oublier. La seule idée de franchir le pas de sa porte ou tout simplement d’actionner la poignée de celle-ci lui procure une sensation de vertige. Toutes les actions anodines du quotidien sont devenues de véritables calvaires et des sources d’angoisse pour lui. Elle se sont installées au fur et mesure au point de dégrader ses relations avec sa famille, ses amis et aussi avec lui-même, au point de lui provoquer de terribles crises d’anxiété. L’anxiété, ce monstre qu’il n’a pas vu arriver ou pas voulu voir venir. Mais comment le sage Quentin de l’enfance en est arrivé là ? In fine, trouvera-t-il la voie de la guérison ou tout du moins un apaisement pour sa santé mentale ?
Si Quentin Zuttion utilise toujours des éléments autobiographiques qu’il mêle à la fiction pour créer ses bandes dessinées, comme dans Toutes les princesses meurent après minuit, avec Sage la part fictive est totalement éludée, ce qui en fait son oeuvre la plus intime. Tout simplement parce que l’auteur y aborde l’anxiété au plus fort de sa crise personnelle, sans avoir le recul nécessaire qui lui aurait donné l’occasion d’y ajouter une part fantasmée. Le récit de l’auteur est brut, touchant et déstabilisant. Il n’y a aucun faux semblant, ni langue de bois sur ses souvenirs d’enfance et le paradoxe de son vécu homosexuel qui font partie intégrante de la mécanique cathartique de ce roman graphique. Grâce à ce dernier, les rôles se sont quelque peu inversés, car ici ce sont les angoisses qui deviennent les objets de l’auteur et non plus l’inverse. L’ensemble de la retranscription dessinée est au diapason de l’intensité des écrits. Avec la mise en images des montées anxieuses sous la forme de silhouettes floues et fantomatiques, Quentin Zuttion donne corps à l’impalpable, l’abstrait. En y associant la colorisation bleue, il en propage la froideur. Heureusement, la finesse de son trait atténue la dureté du propos et dégage de la positivité comme un espoir après la tempête. Aujourd’hui, Quentin Zuttion va mieux et nous en sommes heureux pour lui !
Quentin Zuttion brise une frontière, un tabou en parlant de la santé mentale sans ambages. Une lecture d’utilité publique !
Stéphane Girardot















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