- Titre(s) : Rorschach
- Scénariste(s) : Tom King
- Dessinateur(s) : Jorge Fornés
- Coloriste(s) : Dave Stewart
- Editeur(s) : Urban Comics
- Collection : DC Black Label
- Parution : Juin 2022
- Prix : 29,00 €
- EAN : 9791026821045
Après plusieurs mandats consécutifs, le président Redford est une nouvelle fois le meilleur candidat à sa propre succession. Mais la tentative de meurtre avortée de son concurrent républicain risque de mettre la pagaille dans la campagne. Les deux terroristes abattus sont en effet difficiles à cerner pour les autorités : d’un côté, une jeune femme, tireuse d’élite dans une fête foraine ; de l’autre, un vieux dessinateur de comics, célèbre pour avoir créé un héros pirate devenu culte. Plus surprenant, Will Myerson était déguisé en Rorschach, le vieux super-héros mort depuis 35 ans, au moment où une pieuvre extraterrestre apparaissait en plein New York. Et ses empreintes sont les mêmes. Pour l’inspecteur en charge de l’affaire, il faudra prendre des gants pour savoir qui est impliqué dans le complot et démêler le vrai du faux…
« Ils étaient vraiment timbrés. On ne peut pas raisonner avec ces gens-là. On vit dans une époque de cinglés. »
Ce polar ambitieux est à la fois insaisissable par les nombreux thèmes et sujets qu’il souhaite aborder et par sa volonté de se rattacher à l’univers de Watchmen. Si le premier aspect est extrêmement bien réussi, tant Tom King parvient à offrir une narration originale, complexe et forte dans ses réflexions sur le pouvoir, le second est plus ténu. Bien sûr, les références au monument d’Alan Moore et Dave Gibbons sont nombreuses mais, si elles étaient retirées de l’intrigue, l’album ne perdrait rien de ses qualités. D’ailleurs, au-delà de l’identité de Rorschach, de son influence ou des événements politiques et sociaux post-Watchmen, c’est davantage sur la narration, le découpage et sur une certaine idée de la pop culture que le parallèle avec l’œuvre originelle est le plus pertinent. Formidablement bien écrite, même si on est loin de la fluidité d’un Ed Brubaker, cette enquête offre de belles audaces et des séquences très inventives, ou tout du moins inspirées des meilleurs. Personnages se répondant d’une case et d’une temporalité à l’autre (chapitre 11), interrogatoire de trois témoins en parallèle (chapitre 8), les bonnes idées ne manquent pas, et Jorge Fornés les met en scène avec un sens du rythme impressionnant.
Sombre et torturé à l’excès, parfois abscons, ce polar sur fond (très lointain) d’univers super-héroïque reste assez fascinant.
Arnaud Gueury
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