Titre : Albin à la capitale
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Samos
Éditeur : La Boîte à bulles
Collection : Contre-pied
Parution : Avril 2015
Prix : 18€

Albin n’a d’yeux que pour Mathilde. Il s’éclate, profite de la vie avec bonheur. Aveuglé par son amour, il ne voit pas venir la rupture qui lui tombe dessus sans prévenir. Il se sent alors comme une Marseillaise en mineur jouée par un flûtiste autodidacte, sans tact, ou comme un accord yougoslave auquel on aurait cruellement interdit l’entrée de la Belle Ferronnière. Bref, l’amateur éclairé de variété française l’aura compris, il se sent définitivement comme une bamba triste. Déprimé, il reste obsédé par la jeune femme et décide de quitter sa province pour emménager à Paris, comme elle. Pas sûr, néanmoins, que son séjour à la capitale soit la thérapie escomptée qui l’aide à reconquérir Mathilde…

Le Roman d’un gland est en réalité une bande dessinée de Samos, qui n’a pas l’air plus bête que les autres. Le titre se réfère davantage à Albin, anti héros romantique et pathétique de cette réflexion sur la rupture. Chacun pourra y puiser un peu de vécu, ou beaucoup, selon son degré de malchance dans la vie. La force de l’ouvrage est d’alterner les scènes grasses et acides, parlées et muettes, comiques ou simplement propices à la réflexion. Même les couleurs sont parfois absentes pour laisser place à un noir et blanc tout aussi efficace. Samos et son humour protéiforme, donc, fera rire le lecteur ouvert à différents styles, les autres prenant le risque d’être quelque peu heurtés par les saynètes crues à base de sexe masculin, notamment. On ne sait pas si c’est à cause du muscat mais l’auteur est dans tous les cas très inspiré pour son premier récit complet publié.

Sans prendre de glands, l’auteur dresse une œuvre détonante sur la rupture.

Nicolas Raduget