Titre : La Disgrâce de Wukong
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Chaiko
Éditeur : Paquet
Parution : Août 2020
Prix : 17€
Sur les rives du Fleuve des Sables Mouvants, Tripitaka accueille son quatrième disciple, Sha Wujing. Arrêté par Moksa le Novice après une opposition âpre engagée avec Sun Wukong et Zhu Bajie, il s’engage à suivre le Maître pour la suite de son périple vers l’ouest qui s’annonce encore plein de dangers. Heureusement, Tang Sanzang peut compter sur ses compagnons de route pour le protéger et faire face aux nombreux démons qui veulent manger sa chair, car il est en fait la réincarnation de Cigale d’Or, le deuxième disciple de Bouddha. En plus de ces épreuves, la foi de la communauté est également testée par des bodhisattvas comme dans la maison de la veuve et de ses trois filles. De même que le groupe est malicieusement tenté par des pouvoirs à portée de main, à l’instar des fruits de ginseng de l’immortel Zhenyuan Daxian du Temple des Cinq Fermes situé sur le Mont de la Longévité. Parfois les apparences sont trompeuses – surtout avec la Dame aux Os Blancs – et, combinées à la naïveté de Tripitaka, cela aboutit à la disgrâce du Grand Saint Égal au Ciel. Ainsi, Sun Wukong retourne au Mont des Fleurs et des Fruits qu’il retrouve dévasté par L’Empereur de Jade. Deux mois plus tard, Zhu Bajie vient le chercher pour sauver le Maître, ses frères ainsi que Cent Fleurs, troisième princesse du Royaume des Éléphants Sacrés, des griffes de Kuimulang, l’Ogre Robe Jaune.
Avant toute chose, saluons l’option éditoriale choisie pour cette adaptation du roman de Wu Cheng’en. En effet, le grand format (32,2 cm par 24 cm) permet une mise en valeur parfaite de la prestation graphique de Chaiko, tout comme l’importante pagination – entre 70 et 80 planches par album – permet à l’auteur chinois de développer sereinement les différentes parties sélectionnées du périple de la « communauté des soutras ». De plus, mis à part La Disgrâce de Wukong, Pagaille au palais céleste et Le Voyage en occident comportent un cahier graphique de six pages de roughs. Pour ce qui est plus précisément de ce nouvel opus du Roi Singe, le constat est identique aux précédents : c’est juste magnifique ! Le travail de Chaiko sur le texte de cette incroyable légende est toujours aussi rigoureux et donne vraiment envie de la découvrir dans son intégralité en lisant le livre de Wu Cheng’en. La sensation est exacerbée par la mise en images de l’artiste qui, par le truchement de l’expressivité de ses protagonistes, fait ressortir tous leurs traits de caractère. Ainsi certaines attitudes/postures/gestuelles de Sun Wukong montrent toute sa malice tout comme celles de Tripitaka mettent en évidence sa naïveté. Notez que l’humour distillé dans l’ensemble de l’œuvre – que l’on retrouve bien sûr retranscrit dans les trois tomes – a fait qu’elle a été considérée comme une satire de la société de l’époque. Si la scénographie des nombreux combats est toujours aussi dynamique et semble tout droit sortie d’un film de kung-fu, la mise en couleurs coupe elle aussi le souffle. Certaines séquences, comme celle qui précède l’arrivée chez la veuve, celle du mont de la Longévité et de l’arbre à ginseng ou encore le retour au Mont des Fleurs et des Fruits, sont d’un onirisme extraordinaire, où le choix de la palette chromatique subjugue tout simplement. Une mention spéciale pour les couvertures aussi tant que l’on y est !
Magistral !
Stéphane Girardot
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Une réponse à “Roi Singe (Le) #3”