
© 2020 Editions Delcourt
Titre : Rita sauvée des eaux
Scénariste : Sophie Legoubin-Caupeil
Dessinatrice – Coloriste : Alice Charbin
Éditeur : Delcourt
Parution : Juin 2020
Prix : 22,95€
Janvier 2017. Sophie est invitée avec sa famille à un mariage spectaculaire et haut en couleurs en Inde, comme seul ce pays est capable d’en produire. Mais, lorsqu’on lui demande sa relation avec la famille du marié, tout la ramène alors trente ans en arrière, jusqu’au drame qui bouleversa profondément sa vie. Janvier 1987. Après plusieurs voyages en Inde, Sophie, son frère et ses parents s’arrêtent sur une plage pour se baigner. Quand une jeune mariée perd pied, le père de Sophie la sauve mais y perd la vie. Trois ans plus tard, sa mère s’ôte la vie à son tour. Malgré les années, ces drames ont influé sur Sophie, qui a pourtant su y puiser force et inspiration pour se construire. Mais il restait un manque, le témoignage de cette rescapée qui, seule, saurait dissiper les doutes sur ses souvenirs…
« J’ai l’impression de rouvrir les tiroirs, de déballer ce que j’avais consciencieusement conservé à l’abri. Cette distance m’a sauvée quand j’ai décidé de vivre, de survivre à l’indicible. Étonnamment, je ne ressens aucun danger, aucune peur… »
En relatant une histoire très intime qui l’a accompagnée durant plus de trente ans, Sophie Legoubin-Caupeil effectue sans doute une sorte de thérapie en couchant tous ses sentiments sur le papier, mais elle livre surtout un formidable témoignage de force morale, de positivité et d’amour comme on en découvre peu. Sa jeunesse, forgée par plusieurs drames qui en auraient brisé plus d’un, laisse entrevoir, malgré les doutes et les craintes, une personnalité attachante qui se dévoile lors des longs échanges avec Rita. Car la scénariste choisit de tout révéler de son histoire et de ses recherches de cette femme dont la présence ne l’a jamais quittée, à travers un récit déconstruit commençant par le mariage du fils aîné de Rita et finissant par l’émouvante rencontre. Méritant totalement le terme de roman graphique par sa forme, la transcription du récit n’a pas du être évidente à l’approprier, et il fallait beaucoup de talent et être proche de l’auteur pour parvenir à s’immiscer dans ces souvenirs intimes sans ajouter de pathos, ce que son amie Alice Charbin réalise avec brio, d’un trait sensible et fin rehaussé de quelques couleurs chaleureuses. Si tout est véridique et personnel, cette reconstruction après la mort est universelle et touchera tout le monde à des degrés divers. Peut-être même cet album pourra-t-il servir à aider certains lecteurs affrontant le même type de drame et qui pourront y puiser cet optimiste inaltérable qui en ressort.
Une leçon de vie à la fois personnelle et universelle qui touche au cœur.
Arnaud Gueury
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