
© 2021 Robinson
Titre : Eau de vie, eau de mort
Scénariste : Tristan Roulot
Dessinateur : Mateo Guerrero
Coloriste : Amparo Crespo Cardenete
Éditeur : Robinson
Parution : Mai 2019
Prix : 14,95€
Pendant le règne de Louis XIV, le sucre est une denrée précieuse. Au début des années 1690, faute de main d’œuvre suffisante, la France incite le plus grand nombre à se rendre aux îles. C’est dans ce contexte que débarque à Saint-Pierre, en Martinique, Jean Rouen, fils d’un verrier normand en mauvaise fortune, dans l’espoir de sauver sa famille en honorant un contrat de trois ans au service du riche planteur Philippe d’Audouin de Foucault de la Rochefleurie. Sur le port de La Rochelle, il se lie d’amitié avec le père Labat, botaniste à ses heures perdues, s’embarquant en même temps que lui pour rejoindre la mission se trouvant à côté de sa plantation. C’est là sa chance car tout ne va pas se passer comme prévu pour Jean. La situation sur place est invivable : son maître est une brute épaisse et, sauf miracle, il est voué au même sort funeste que les esclaves avec qui il travaille. Et si le miracle venait de l’amélioration du tafia, cette eau-de-vie infâme qui sert de remède lors des situations désespérées ?
Longtemps après Les Maîtres de l’Orge, saga familiale de brasseurs, qui reste une référence, et après des publications plus récentes consacrées au vin, les alcools forts ne sont pas en reste au sein d’une thématique gastronomique qui ne cesse d’envahir les rayonnages BD, avec plus ou moins de bonheur. C’est ici la thématique du rhum qui a été confiée au scénariste Tristan Roulot pour cette aventure martiniquaise qui dénonce autant les travers de l’esclavage qu’elle nous informe de la naissance historique du rhum. S’appuyant sur une documentation solide, l’intrigue fait se croiser des personnages fictifs et réels (par exemple le père Labat), et se laisse suivre sans déplaisir. Les rebondissements dramatiques sont assez nombreux pour susciter la curiosité. Au dessin, Mateo Guerrero livre une prestation très appliquée qui nous emporte dans des paysages exotiques, sublimées par la palette de couleurs bien choisie d’Amparo Crespo Cardenete. Tout ce bel ouvrage pose les bases d’une saga ambitieuse qui, on l’espère, saura conserver cette inspiration.
Les débuts prometteurs d’une nouvelle fresque historique sur fond de rhum et d’esclavage en Martinique.
Nicolas Raduget
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