
© 2016 Casterman
Titre : La Nuit des constellations
Scénariste : Benoît Peeters
Dessinateur – Coloriste : François Schuiten
Éditeur : Casterman
Collection : Univers d’auteurs
Parution : Octobre 2016
Prix : 17€
2156. Kârinh est en route pour la Terre. Elle est heureuse d’avoir saisi la première occasion d’y aller étant donné qu’elle est en quête de ses origines. Cependant, elle a un peu abusé des immersions dont les descentes sont de plus en plus dures et ainsi délaissé son vaisseau, le Tube. D’ailleurs, cela lui a valu d’être placée en hibernation jusqu’à l’arrivée et Mikhaïl ne l’a réveillée que quelque heures avant. Sur place, elle a préféré prendre une barque seule avec Coy, un gamin qui lui avait promis de l’amener au cœur de Paris. Mensonge. Il l’a simplement laissée près d’un parc d’attractions gigantesque, le Paris Palace. Tant pis ! Elle gagnera le centre de la ville seule. Malheureusement, elle est arrêtée à Goussainville par un groupe de personnes qui l’interroge pendant trois jours avec insistance sur sa mission. Et bizarrement une opportunité lui est offerte de s’échapper. De fait, elle repart derechef vers son but. Mais sans repères, sans nourriture et à bout de forces après son long voyage, elle se retrouve vite en difficulté. Matthias Binger, un de ses interrogateurs qui la suit depuis sa pseudo-évasion, lui vient en aide. Contre toute attente, l’intrigant personnage va la mener là où elle le souhaite. Néanmoins, Paris réserve à Kârinh encore bien des surprises dont certaines assez violentes.
Chaque album de Benoît Peeters et François Schuiten est un événement en soi. Mais la sortie de La Nuit des constellations l’est d’autant plus qu’elle est accompagnée par la publication de Machines à dessiner le même jour chez Casterman également et d’une exposition au titre éponyme aux musée des Arts et Métiers de Paris qui se déroulera du 25 octobre 2016 au 26 février 2017. Une manifestation, conçue et réalisée par le duo, qui vous invite à découvrir l’imaginaire des auteurs à travers la confrontation entre collections, scientifiques et techniques, et une large sélection de travaux graphiques. Mais revenons-en à ce deuxième opus de Revoir Paris qui voit Kârinh atteindre son but, le cœur de Paris, non sans mal. Benoît Peeters immerge l’héroïne dans une ville fantasmée qui à la fois fascine et fait peur. La cité est désormais un énorme musée sous une cloche de verre où plus aucun parisien ne vit et seuls les touristes hantent les rues. Une société axée sur le passé, sans réel futur, et basée sur l’exclusion qui engendre l’apparition d’illégaux. De fait, l’habitante de l’Arche est séduite puis déçue par ce Paris de pacotille comme l’appelle son guide, Matthias. Dans un espace restreint, elle découvre la Gare du Nord, la Butte Montmartre, la Porte Saint-Martin, le Musée des Arts et Métiers et bien plus encore. Des lieux et des ambiances magnifiés par un dessin précis, fluide, harmonieux et fin, mais aussi et surtout une formidable mise en couleurs directe. Une imagerie somptueuse de François Schuiten – en grand-format et imprimée sur un beau papier – d’une très grande force évocatrice. Le récit se situe en 2156 et on peut très bien imaginer en arriver là dans le futur au vue de tous les excès consentis pour le développement économique des villes. Sous de magnifiques atours, cet album est une critique pertinente de notre société et de ses abus.
Une rêverie, comme sait les écrire Benoît Peeters, d’une esthétique incroyable dont seul François Schuiten a le secret. Remarquable.
Stéphane Girardot
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