- Titre(s) : Retour à Lemberg
- Scénariste(s) : Jean-Christophe Camus
- Dessinateur(s) : Christophe Picaud
- Editeur(s) : Delcourt
- Parution : Avril 2024
- Prix : 34,95 €
- EAN : 9782413047919
Spécialiste franco-britannique en droit international, Philippe Sands est invité à l’université de Lviv, en Ukraine, pour y parler notamment des juristes Hersch Lauterpacht et de Raphael Lemkin, respectivement inventeurs des concepts de crime contre l’humanité et de génocide, tous deux originaires de la ville. Se rendant compte que peu connaissent ces deux hommes et leur travail, probablement en raison de leur origine juive polonaise commune, l’avocat décide de creuser leur histoire, qui n’est pas sans lien avec celle de son propre grand-père, né comme eux dans une ville qui s’appelait encore Lemberg. Il commence donc par le passé de Leon, cet homme taiseux sur ses racines, dont il ne garde que quelques souvenirs de son appartement parisien. En remontant le fil, c’est tout un pan de l’Histoire qui va se dévoiler à lui jusqu’au fameux procès de Nuremberg…
« J’examinai chaque pièce avec soin, en petit-fils, mais aussi en avocat qui flaire la preuve. Je fis une petite pile des pièces qui me paraissaient particulièrement intéressantes. »
Avec son roman d’investigation historique Retour à Lemberg, Philippe Sands avait frappé un grand coup, fruit d’une longue et méticuleuse enquête retranscrite avec talent. Critiques et lecteurs avaient adoré ce livre aussi passionnant que bien écrit, mêlant une intrigue très personnelle avec celle plus universelle des Juifs et de leurs bourreaux. Ce travail considérable, humaniste et éclairé, réalisé à la fois avec un investissement très intime et un recul nécessaire, était aussi bouleversant qu’instructif puisque il développe avec force détails et explications techniques les concepts de crime contre l’humanité et de génocide. Cette approche juridique très complexe est enrichie par le destin de ses inventeurs et leur application à Nuremberg. Jean-Christophe Camus n’a rien concédé à son adaptation, gardant la richesse du récit dans ce volumineux album de près de 300 pages. Le scénariste amène de la fluidité, bienvenue pour tout assimiler et ne pas être écrasé par l’ampleur de l’œuvre. Lui aussi a fourni un fabuleux travail, que Christophe Picaud a mis en image avec un trait sublime. En choisissant le noir et blanc, le dessin n’en est que plus puissant et impactant, tout en permettant de mettre en avant les très nombreux textes et dialogues sans accaparer toute l’attention. Son trait clair, d’une grande finesse, est une merveille du genre. Ses décors, variés et très réalistes, ont sans aucun doute nécessité beaucoup d’attention et un soin particulier. On ne peut donc que rester admiratif devant le résultat.
Un extraordinaire travail d’adaptation pour ce chef d’œuvre qui change de média sans perdre sa puissance et son intérêt, bien au contraire.
Arnaud Gueury
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