Titre : Le Monde d’après
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jean-Christophe Chauzy
Éditeur : Casterman
Parution : Octobre 2016
Prix : 18€
Marie, Hugo, Jules, Théo et le chien Plutarque continuent leur avancée dans le décor post-apocalyptique des Pyrénées ravagés par les violents séismes. Ils n’ont aucune information sur ce qui s’est exactement passé, ni sur l’ampleur des dégâts dans le reste du pays. Tout le groupe est inquiet et Marie l’est bien plus encore car elle doit protéger les enfants. Il n’y a que cela qui compte. Hugo et Jules se demandent s’ils reverront leur père. Après de longs jours de marche, ils croisent enfin quelqu’un, une femme d’un certain âge. Marie s’aperçoit qu’un homme à cheval et armé la menace. Elle intervient et le met en joue. Mais la dame prend le fusil des mains du gars et le tue sans aucune hésitation. Alors que le petit groupe est encore sous le choc, elle leur apprend que la situation est la même partout. Et que pire encore, cela a été un véritable exode et que seul des pillards sans pitié sont restés. De plus les centrales nucléaires ont été touchées, les aides par hélicos ne se font plus, il n’y a plus d’électricité, ni de radio. Plus rien. Deux choix se présentent à eux : aller vers l’Espagne ou la mer, comme les autres. Elle leur conseille d’éviter les villes et les routes jusque-là. Pour l’Espagne, il faudrait qu’ils repassent par Soulan. Marie, elle, décide de se diriger vers la mer.
Dès le début de ce diptyque, il était convenu que Le Reste du monde ne serait pas une bande dessinée catastrophe avec zombies incorporés au rythme narratif hyper rapide. Ce deuxième volet ne déroge pas au constat même si nous apprenons que les centrales nucléaires sont « down ». Jean-Christophe Chauzy a pris le parti de faire prendre conscience petit à petit à ses personnages de la possibilité qu’il n’y ait aucune issue à leur situation. Cependant, l’auteur parsème de-ci de-là quelques lueurs d’espoir sur le chemin des survivants mais elles sont éphémères. C’est un récit très dur où l’on voit que le sacrifice de la mère pour ses enfants est encore plus important quand leurs vies sont en jeu. Et vous ne serez pas surpris de voir que les plus bas instincts de l’Homme refont surface lorsqu’il n’y a plus de règles. Le parallèle entre la meute de chiens et les pillards est plus qu’éloquent. On pourra regretter que les scènes d’action soient trop rapides ou pas assez longues selon le point de vue. Mais, force est de constater que nous sommes dans le domaine du contemplatif. Là, vous en prendrez réellement plein les yeux pendant presque cent dix pages grand-format. La prestation graphique est juste extraordinaire. Les ambiances imposées par la mise en couleurs directe sont saisissantes et le trait réaliste bien en place. Le nec plus ultra, ce sont ces double-pages à couper le souffle que le dessinateur nous sert, comme lors de la séquence du train ou encore celle des bateaux. Une vraie réussite pour un auteur que l’on n’attendait pas dans ce registre de BD catastrophe.
Après un diptyque « post-apo » comme celui-ci, vous comprendrez pleinement le sens du mot sacrifice. C’est aussi un bel hommage aux femmes !
Stéphane Girardot
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