Titre : Les Enfers
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jean-Christophe Chauzy
Éditeur : Casterman
Parution : Octobre 2019
Prix : 18€
Alors que les cinglés de Justice Divine continuent leur œuvre, le groupe de Jules et Hugo trouve une planque pour se mettre à l’abri. Farida les a menés dans les vestiges du château de Quéribus, la dernière forteresse des Cathares et la leur. Cependant, l’arrêt pourrait être de courte durée car l’inventaire des vivres et des armes nécessaires pour survivre est bien maigre. L’évocation d’une traversée de la Méditerranée suscite de l’intérêt auprès de certains. Christophe, qui a réussi à passer la frontière, recherche ses fils. Il réalise qu’il avait la belle vie à Valence jusqu’à ce qu’il décide de retrouver Jules et Hugo. D’autant plus qu’il ne se doute pas qu’il sera le facteur zéro de l’épidémie – tapie dans l’ombre – qui va ravager une grande partie des survivants. De son côté, Marie est enceinte de son bourreau et toujours prisonnière. Les premières contractions sont là et le travail ne va pas tarder à commencer lorsque l’armée marocaine attaque le repaire de la milice qui la retient captive. Accompagnée par le géniteur de son enfant, elle s’enfuit à nouveau et reprend la route. Après trois ans de survie dans des conditions difficiles, les chemins des membres de la famille déchirée semblent converger vers la Méditerranée. Seront-ils tous de nouveau réunis ?
Les Enfers clôt le deuxième diptyque initié par Jean-Christophe Chauzy (L’Eté en pente douce) dans cette magnifique série. Un titre qui colle on ne peut mieux à la situation que vivent les personnages : une véritable apocalypse exacerbée par l’épidémie qui intervient théâtralement en voix off pour se raconter. Il y a d’ailleurs d’autres références bibliques dans cet opus : Christophe, le père, sur son chemin de croix pour expier ses péchés, afin de sauver ses fils et qui est confondu avec le Messie par les enfants de Justice Divine ou encore Marie qui enfante – non pas du Saint-Esprit – mais de son geôlier. Clins d’œil ironiques « pour tourner en dérision les croyances qu’on invente pour expliquer ce qui nous dépasse ». L’Homme se révèle toujours plus égoïste contrairement à l’élan de solidarité dont il devrait faire preuve. Mais n’est-ce pas dans le fond sa vraie nature ? C’est une vision très noire de ce qui pourrait se passer si les urgences écologiques et sociales d’aujourd’hui ne sont pas traitées à temps. L’auteur laisse toutefois un petit espoir dans toute cette horreur par le biais de deux événements que nous ne vous révélerons pas sous peine d’en gâcher l’effet de surprise. Le récit est prenant, émotionnellement fort et tellement intense que les 120 pages défilent sans que l’on ne s’en aperçoive. Mais vous prendrez le temps de contempler les planches une à une ou deux à deux car la puissance graphique qui s’en dégage est juste exceptionnelle. Les paysages sont des acteurs à part entière de l’histoire et, que ce soit via des illustrations pleine page ou des panoramiques en doubles pages, c’est époustouflant. Le travail de la matière et des aquarelles fait transpirer les émotions et immerge totalement le lecteur dans les souffrances de chacun des protagonistes. Si Le Reste du monde est une fiction, les préoccupations qui en sont à l’origine sont bien réelles. Le message de Jean-Christophe Chauzy est clair.
Un chef d‘oeuvre dans son ensemble !
Stéphane Girardot
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