
© 2018 Casterman
Titre : Les Frontières
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jean-Christophe Chauzy
Éditeur : Casterman
Parution : Octobre 2018
Prix : 18€
Trois ans se sont écoulés depuis l’arrivée de Jules et Hugo au sein de la colonie. Trois ans depuis leur séparation avec Marie, leur mère qui s’est sacrifiée pour qu’ils puissent vivre. Si Jules est passé à autre chose car il est certain qu’elle est morte, Hugo espère encore la revoir. Il estime avoir abandonné sa mère et le regrette. Et si c’était à refaire, il resterait avec elle. Quitte à mourir, autant que ce soit avec maman ! De plus, ils ne savent pas si leur père a pu traverser une des frontières, désormais gardées par les Arabes et truffées de mines, pour quitter l’Espagne et venir les chercher ou s’il est tout simplement mort lui aussi. Malgré tout, la vie s’organise et s’écoule tant bien que mal dans l’ancien camp de vacances. Ils ont grandi et ont chacun leur place dans la communauté. Mais un soir, la colonie est attaquée par un groupe de pillards. L’îlot de paix est mis à feu et à sang. Hugo, Jules et quelques rescapés prennent la fuite et repartent sur les routes afin de trouver une autre planque. Les ados sont de nouveau à découvert et doivent faire face aux multiples dangers de ce monde post-apocalyptique au dessus duquel plane une voix morbide.
Pensé comme le premier tome d’un diptyque, le deuxième s’inscrivant dans la tétralogie Le Reste du monde, Les Frontières marque très fortement l’esprit car il impressionne graphiquement et glace le sang comme les précédents albums de la série. À la fin du Monde d’après, nous avions laissé Hugo et Jules juste après la perte de leur mère et fraîchement arrivés à la colonie. Une situation « paradisiaque » s’est installée, durant l’ellipse temporelle de trois ans, mais celle-ci ne pouvait rester ainsi dans un tel contexte où l’Homme s’apparente à un animal sauvage qui met en œuvre ses plus bas instincts. De fait, les choses se gâtent à nouveau et rapidement. Jean-Christophe Chauzy (L’Eté en pente douce) axe ce nouvel opus sur les adolescents, plus particulièrement Hugo et Jules, afin de mettre en avant leurs émotions et comportements vis-à-vis des différentes situations. Sans oublier de donner des nouvelles de Christophe leur père mais aussi de… Marie. La tension dramatique est palpable à chaque instant, exacerbée par le fait que l’on ne sache pas exactement ce qui est arrivé, et le rythme narratif plus soutenu que dans les autres épisodes. Si précédemment le paysage jouait un grand rôle et était un personnage à part entière (ce qui est encore le cas ici), l’auteur introduit un autre protagoniste – en voix off – que l’on ne voit pas, que l’on ne verra pas ! Mais nous constaterons les conséquences de ses actes dans le quatrième volet : la maladie qui guette et agit sournoisement en silence. Une dystopie admirablement servie par le dessin. Malgré la forte envie de lire sans s’arrêter afin de connaitre la suite, la finesse du trait, la mise en couleurs directe apposée sans encrage au préalable, l’approche très poussée des illustrations, le découpage et l’audace de la mise en page imposent de longues phases de contemplation. Une prestation époustouflante et remarquable !
Une très belle et incontestable référence du genre post apocalyptique !
Stéphane Girardot
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