
© 2020 Dargaud
Titre : Permafrost
Scénariste : Fred Duval
Dessinateur – Coloriste : Emem
Éditeur : Dargaud
Parution : Septembre 2020
Prix : 14,50€
En envoyant Renaissance sur Terre pour sauver ce qui peut encore l’être sur la planète, le Complexe savait qu’il se heurterait à diverses difficultés, moins technologiques qu’humaines. Même en son sein, les voix portent pour économiser des moyens qui pourraient servir à des projets plus enrichissants économiquement, sans perdre de temps et d’argent auprès d’une race si peu développée. Mais sur place, Swänn, Sätie et d’autres extraterrestres altruistes œuvrent pour aider la population. Les incendies de puits de pétrole, les intelligences artificielles défaillantes, une épidémie mondiale et des braconniers d’humains sapent leurs ressources mais pas leur volonté…
« Renaissance est une expédition bienveillante! Vos congénères nous discréditent! Ils ont capturé des spécimens humains, effectué des sauts interdits sur Terre et engagé le combat contre nos forestiers… Triste tableau de chasse, avouez! »
Fred Duval propose une bien étrange et originale série de science-fiction qui sait éviter les clichés, en particulier dans sa narration. Ici, il n’y a que peu de scènes d’action et pas de batailles intersidérales pour compléter le récit ou le relancer, la place est faite pour appuyer le message géopolitique sous-jacent, limpide mais bien senti. Le scénariste use d’une ironie mordante pour dépeindre ce futur peu engageant qui prend ses sources dans notre bon vieux présent pas très réjouissant non plus – et du mur de Donald Trump à une épidémie mondiale, les clins d’œil sont clairs. Et le dessin d’Emem est une nouvelle fois époustouflant. Les couvertures magnifiques, de vraies pièces d’art, ne sont qu’une mise en bouche pour des planches tout aussi efficaces. En plus d’une colorisation très juste, sa représentation graphique est aussi novatrice qu’excitante. Les nombreux plans mêlant les décors terrestres à la technologie du Complexe forment des visions saisissantes qui donnent un cachet unique à cette saga. Toutefois, si la série se veut en partie optimiste, le sombre réalisme qui conclut ce tome est glaçant de justesse et ouvre la porte de la suite de l’aventure. Car, si le quatrième de couverture indique toujours « série en 3 tomes », les derniers mots sont bien « fin de la première époque », un autre cycle étant annoncé pour 2021… si tout va bien d’ici là.
Une fin de première partie à la hauteur du défi.
Arnaud Gueury
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