Titre : L’Envoyé du Diable
Scénariste : Ed Brubaker
Dessinateur : Sean Phillips
Coloriste : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Parution : Janvier 2022
Prix : 16,50€
Depuis la mort de son père, avec qui il était brouillé depuis des années, Ethan Reckless sombre à nouveau et se coupe du monde pour se réfugier dans les vieux films qu’il se passe dans son cinéma désaffecté. Son amie Anna prend alors encore les choses en main pour le forcer à accepter une affaire de disparition, le cas d’un père de famille s’étant fait passer pour mort alors qu’il avait refait sa vie ailleurs. Pour le trouver, l’ancien agent parcourt les bibliothèques publiques, faisant connaissance dans l’une d’elles avec la jeune Linh Tran. Sa mission effectuée, il ne peut s’empêcher de la revoir. Le hasard va le mener à enquêter sur la disparition de sa sœur, partie pour conquérir Hollywood huit ans plus tôt avant de disparaître…
« Je trouverai ce qu’il y a à trouver. Et je le pensais en le disant. Comme si j’étais un héros prenant son cheval pour tout remettre bien. J’étais ce genre d’idiot, cet été-là. Pour Linh Tran. »
On ne dira jamais trop de bien de l’association entre Ed Brubaker et Sean Phillips, à laquelle s’est récemment joint le fils de ce dernier, le déjà talentueux Jacob, chacune de leurs œuvres étant une merveille de récit noir. Sans aucune fausse note dans cette formidable amitié artistique, Reckless est arrivé en soulevant l’espoir de lecteurs vite conquis. Avec l’intention d’en faire un feuilleton dessiné – deux nouveaux opus, Eliminer les monstres et Ce fantôme en toi, sont déjà annoncés à paraître chez Delcourt, miam ! – les auteurs abordent chaque nouveau volume avec la même envie et le même talent. Comme il l’explique, le scénariste a mis beaucoup de lui dans cette saga, des souvenirs, des expériences, des sensations de cette époque qui lui reviennent et nourrissent son travail d’écriture. C’est pour cela que ce tome se déroulant en 1985 – on pardonnera le méchant tacle à Depeche Mode et Duran Duran – exploite les sectes satanistes ayant pullulé à cette époque, dans une atmosphère réaliste bien loin des néons et couleurs bariolées que l’imaginaire collectif accole toujours aux 80’s. Très littéraire dans sa narration, la série bénéficie de dessins sublimes, que les couleurs bonifient à chaque planche.
Un trio d’artistes au top pour une série d’une puissance phénoménale.
Arnaud Gueury
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