- Titre(s) : Rebis
- Scénariste(s) : Irene Marchesini
- Dessinatrice(s) - Coloriste(s) : Carlotta Dicataldo
- Editeur(s) : Le Lombard
- Parution : Janvier 2024
- Prix : 23,50 €
- EAN : 9782808210904
Moyen-Âge. Alors que deux femmes sont sur le bûcher afin d’être brûlées pour les péchés qu’elles ont commis, grâce à la contribution notamment de Girolamo, la femme de ce dernier est avec l’accoucheuse car elle est sur le point de donner naissance à leur dernier enfant. Il espère fortement que ce soit à nouveau un garçon qui lui soit donné, un vœu qui est exaucé. Au moment où les « sorcières » passent de vie à trépas, Annetta donne vie à Martino. Cependant, le nourrisson est atteint d’albinisme et provoque immédiatement une aversion chez Girolamo. En grandissant, au rejet de son père s’ajoute le harcèlement des autres enfants et les accusations des villageois qui voient en lui la cause de tous leurs maux. Avant que ses parents ne le confient à un parent éloigné, le jeune garçon décide de fuir et de trouver refuge dans la forêt chez Viviana, une « sorcière ». Dès lors, sa vraie nature s’exprime sans retenue car il est accepté sans jugement et Rebis naît au sein d’une sororité composée de femmes mises au banc de la société. Mais, lors d’un événement spécial, l’équilibre de sa nouvelle vie est déstabilisé.
Rebis est un mot latin qui signifie littéralement chose double et qualifiait l’hermaphrodite au Moyen-Âge. À la lumière de cette définition, il est clair que ce roman graphique, précédemment édité en Italie chez BAO Publishing, ne pouvait pas porter un meilleur titre que celui-ci. Irene Marchesini et Carlotta Dicataldo proposent avec ce one-shot médiéval une véritable petite pépite qui aborde plusieurs thèmes sensibles avec beaucoup de finesse et de bienveillance, comme la différence, le genre et l’exclusion. Martino, qui n’est pas véritablement genré lorsqu’il vit avec Viviana, est exclu du fait de son albinisme, tout comme la « sorcière » s’est réfugiée dans la forêt pour vivre cachée. D’ailleurs, Irene Marchesini développe une image de la sorcière qui se rapproche plus d’une personne forte, indépendante et proche de Dame Nature, loin de celle, négative, du fantastique et de la magie qui lui sont traditionnellement associés. Cela permet à la scénariste transalpine d’également insister sur le fait que la religion a une forte propension à discriminer et à punir au nom des croyances, les « sorcières » ont droit au bûcher, et par extension aujourd’hui la société dans une certaine mesure. Enfin, l’autrice nous donne à voir une si belle sororité ! Qu’il s’agisse des relations de Martino/Rebis avec ses sœurs (Maria et Lena) ou de celles au sein du groupe de « sorcières », elles ne sont qu’amour. Graphiquement, c’est un émerveillement et un enchantement qui, telle une caresse, apaisent durant la lecture. Les cadrages, effets visuels parcimonieux, mises en page originales et la colorisation de goût de Carlotta Dicataldo concourent largement à la réussite de cet album.
Bravissimo per questa storia piena di emozioni, molto intelligente e questo disegno meraviglioso ! (Énorme bravo pour cette histoire pleine d’émotions, très intelligente et ce dessin merveilleux !)
Stéphane Girardot
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