Paul vit seul dans une caravane isolée, alors que son père est parti jusqu’à fin septembre. Muni d’un débardeur et d’un short, sans oublier un stock important de boîtes de conserve, il passe son été à contempler la nature qui l’entoure ou à modeler du papier d’alu en animaux volants. Un jour qu’il rêvasse en observant le panorama, il est accosté par Ramona, une adolescente comme lui, ravie de trouver quelqu’un dans cette région désertique, pour l’aider à charger son portable. Elle va bientôt le fasciner et devenir une camarade de route aussi attachante qu’indomptable…
Pour son premier projet BD mené en solitaire, réédité récemment après une première sortie en 2017, Naïs Quin démarre fort, avec un roman graphique d’un peu plus de 200 pages. Il se lit néanmoins assez vite car elle se plait à dessiner et à insister sur les moments suspendus et les non-dits, davantage qu’à développer des dialogues à rallonge. Accompagnées d’une belle luminosité de couleurs, les cases sont grandes et s’enchaînent avec une belle fluidité, servie par un trait généreux et anguleux. La rencontre et l’amourette naissante entre ces deux adolescents marginaux et mystérieux – on ne peut que deviner leurs parcours chaotiques – est subtilement traitée, hors du temps et de toute civilisation, ce qui peut dérouter autant que plaire. Dans tous les cas, ça ne laisse pas indifférent, et on peut saluer tout le talent d’une jeune autrice qui arrive à développer son propre univers, à travers une histoire touchante et réussie dans une nature rocailleuse.
Une jolie première œuvre mettant en scène deux écorchés dans un environnement qui l’est tout autant.
Nicolas Raduget
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