© 2020 Kennes Editions

Titre : Le Rideau de Titane
Scénariste : Tome
Dessinateur – Coloriste : Dan
Éditeur : Kennes
Parution : Octobre 2020
Prix : 16,95€

Sur un territoire hostile, nord et sud sont séparés par un mur immense et surprotégé, surnommé le Rideau de Titane. Après avoir déjà tenté de le passer et laissé sa compagne Saakhi le franchir seule, Jin espère enfin pouvoir la rejoindre, elle et An-Ahm, la cité merveilleuse, terre promise où tout est possible. Mais son succès va tourner au cauchemar tant le rêve espéré ne se révèle être qu’un leurre. Car, pour avoir une chance de devenir libre à An-Ahm, Jin va devoir se battre. Encore et encore. Sous l’œil de citoyens en attente de sang et de larmes, le jeune panda tente d’allumer l’étincelle de la révolution…

« Ce soir encore, des vivants vont combattre sans merci pour gagner le droit de vivre sur ta terre! Plaise à tes vœux que soient séparés l’élu du faible… le brave du fourbe… le juste de l’impur! »

En récupérant ce projet resté longtemps dans les tiroirs pour des questions de droits bloqués, les éditions Kennes offrent enfin aux lecteurs l’un des derniers projets du regretté Tome. Retravaillé pour sa parution, cet album se lit vite malgré sa généreuse pagination, tant le scénariste avait laissé libre cours à la virtuosité de son compagnon Dan, en n’encombrant pas les planches de nombreux dialogues et en imaginant un récit très nerveux, sec dans sa narration et réduit à l’action la plus effrénée. Si on peut regretter que ce premier tome serve surtout d’introduction à l’univers, pour l’instant peu développé, et à des personnages qui ne sont encore que des silhouettes en attente d’affirmation de leurs rôles et de leurs caractères définitifs, la prestation graphique de Dan est spectaculaire. L’énergie qu’il déploie au fil des pages, ses compositions rageuses et la sobriété d’une colorisation efficace inspirent le respect et valent à elles seules la lecture. La suite de l’aventure, confiée à Joël Hemberg, devrait permettre de mieux exploiter le fond de l’histoire et de lui donner la profondeur qui lui manque pour l’instant.

Une entrée en matière pleine de fureur.

Arnaud Gueury