
© 2020 Casterman
Titre : Quatorze Juillet
Scénariste : Martin Quenehen
Scénariste – Dessinateur : Bastien Vivès
Éditeur : Casterman
Parution : Mars 2020
Prix : 22€
Lors d’un contrôle routier, le gendarme de Roissan en Isère Jimmy Girard fait la connaissance de Vincent Louyot et de sa fille Lisa. Tous deux sont venus s’installer à Saint-Jean-Le-Monestier pour faire leur deuil suite à la mort de Catherine, épouse et mère, lors de l’attentat du Leroy Merlin. Des éléments que Jimmy découvre pendant l’audition de la jeune fille pour une histoire de cheval emprunté sans autorisation, le lendemain de leur arrivée dans la région. À partir de ce moment-là, le militaire se prend d’affection pour eux et se positionne comme leur « ange gardien ». Entre la préparation de son concours pour devenir OPJ afin de ne pas rester indéfiniment dans le petit village et la relation qu’il fuit avec sa co-équipière Stéphanie, sans compter son besoin de se sentir utile dans un contexte où les extrémistes de tous bords sont de plus en plus nombreux et la menace terroriste très prégnante, Jimmy essaye de faire les bons choix. S’il le sont dans un premier temps, ils seront par la suite à l’origine de sa perte.
Pour une première incursion dans le thriller/polar, Bastien Vivès (Une soeur) fait – sans surprise car, quel que soit le style, c’est une réussite – très fort. Encore une fois, il nous cueille ! Certes, il ne le fait pas seul car il est accompagné par Martin Quenehen, historien de formation, au scénario. À travers Quatorze Juillet, titre ô combien symbolique, les scénaristes abordent plusieurs thèmes de manière très cohérente comme le terrorisme, la présence grandissante de l’extrême-droite dans la population et les forces de l’ordre, la crise migratoire, les relations amoureuses impossibles, le deuil après la perte d’un être cher dans un attentat et l’adolescence. Ils le font à travers quatre protagonistes, deux hommes (Jimmy et Vincent) et deux femmes (Lisa et Stéphanie), aux personnalités profondément bien écrites, complexes, dont les actes ne sont ici pas jugés moralement. Ce roman graphique, très prenant, interroge sur beaucoup de points, dont la substance se trouve dans des événements comme les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan en 2015 et la mort du Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame lors de la prise d’otages du Super U en 2018. Des drames qui ont influencé nombre de jeunes à devenir policiers ou militaires. Mention spéciale pour l’épilogue qui refroidit ! Comme pour Le Chemisier, Bastien Vivès a soigné ses décors afin de rendre le village tangible. Dans ce domaine, l’efficacité est tout autant au rendez-vous que lorsqu’il retourne à une narration graphique qui va à l’essentiel comme il nous a habitués à le faire. Le mariage entre les deux approches sert admirablement le récit. Avec un Vincent Louyot qui fait penser par moments à Michel Houellebecq, un Jimmy « belle gueule » et une Lisa aux airs d’Élorna, l’héroïne de Lastman, le « chara design » capte rapidement !
Un thriller graphique, noir et social, d’une efficacité redoutable !
Stéphane Girardot
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2 Responses to “Quatorze Juillet”
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2 novembre 2022
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