Titre : Pulp
Scénariste : Ed Brubaker
Dessinateur : Sean Phillips
Coloriste : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Parution : Mai 2021
Prix : 12€
Si Max Winter a réussi à survivre au grand krach boursier de 1929, c’est uniquement grâce à ses « pulps » vendus à une revue d’histoires de l’Ouest. Ce que son éditeur ignore, c’est que l’écrivain relate presque intégralement les aventures vécues à la fin du siècle avec son compère Spike. Car, suite à une embrouille avec des barons du bétail, Max est devenu un hors-la-loi braquant diligences et trains à travers le pays. Mais les temps sont rudes à nouveau et le vieil homme pense ressortir son arme pour offrir un meilleur avenir à sa femme. Un homme l’en empêche au dernier moment et lui propose plutôt de l’aider à lutter contre les nazis qui infestent New York…
« Vous savez, on n’est plus en 1895, Max… Vous ne pouvez pas filer d’ici au galop. Ici, c’est New York… On braque les gens la nuit. Puis on disparait dans les ombres. »
Chaque nouvelle création du duo Ed Brubaker/Sean Phillips est un petit événement qui ne peut que combler les amateurs de leur style noir puissant. Si Pulp restera une production mineure dans leur bibliographie par sa brièveté (moins de 70 pages), l’idée de départ aussi bien que son traitement sont une nouvelle fois grandioses. Relier les grands aventuriers de l’Ouest sauvage à la montée du nazisme à l’aube de la seconde guerre mondiale permet de jouer sur les époques et d’en souligner les similitudes et les contradictions. Plus simples mais tout aussi meurtriers, les règlements de comptes au revolver sur fond de soleil couchant laissent la place à des manigances politiques et un racisme plus sournois auquel les Etats-Unis n’échappent pas. Héros tragique, Max Winter est pris dans cet engrenage destructeur. Le scénariste parvient à tirer le maximum de ce personnage dans cette courte histoire, tandis que son comparse britannique montre cette fois encore son talent dans divers registres, des ambiances de western au triste et gris New York des années 30.
Une magistrale bien que rapide leçon de bande dessinée.
Arnaud Gueury
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