Joon-woo, séduisant professeur à l’université approchant de la soixantaine, a bien du mal à accepter que sa fille aînée, Je-gyeong, veuille quitter le nid familial. Veuf depuis un certain temps, il s’est mis à lire des romans d’amour puis des webnovels qu’il suit de manière particulièrement assidue sur son téléphone. Lorsque l’écrivain de la série Le Professeur qui lisait des histoires d’amour annonce faire une pause pour raison personnelle, c’est le drame ! Les jours passent et Joon-woo continue d’être à l’affût de toute éventuelle notification. Le voyant désemparé, sa gentille collègue et fidèle amie In-hwa lui glisse alors l’idée folle d’envoyer une lettre à l’auteur afin de l’aider. Joon-woo la prend au mot et reçoit à sa grande surprise une réponse : en recherche d’inspiration, l’autrice, car c’est une femme, souhaite le rencontrer dans un café près du campus…
« Tu sais, à force de le voir lire ces romans en cachette… je préférerais encore qu’il rencontre quelqu’un, peu importe sa situation. »
Premier webtoon de l’autrice coréenne Angram, Le Professeur qui lisait des histoires d’amour est une douce mise en abyme de l’histoire dans l’histoire particulièrement réussie. En trois chapitres, Angram entremêle plusieurs intrigues du passé et du présent, ce qui promet de générer des quiproquos très émouvants entre les différents protagonistes. Dans cet album, elle aborde progressivement des thématiques très diverses auxquelles sont confrontés les personnages : le syndrome de la page blanche, les contraintes éditoriales, la notion de plaisir dans le travail d’écriture, le travail de deuil non effectué, le sentiment de profonde mélancolie, le temps qui passe et l’âgisme, la difficulté à avouer son homosexualité, les secrets de famille, le pouvoir de la lecture comme bouée de sauvetage, la peur du jugement des autres, les soucis de santé… Angram dresse le portrait d’un père de famille gentil, protecteur, mais qui n’arrive cependant pas à se libérer des souvenirs et des non-dits du passé. En effet, Joon-woo entretient des liens compliqués avec son père et a caché la profession de sa femme décédée à leurs deux filles. Graphiquement, le trait délicat de la dessinatrice fait des merveilles. Son dessin, très expressif avec des couleurs épurées et des gros plans sur les objets, les gestes, les regards, accompagne parfaitement cette histoire extrêmement touchante.
Un récit humain, intelligent et poétique qui donne envie de lire les prochains tomes.
Marie Chicaud
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