Titre : Le Printemps d’Oan
Scénariste : Eric Wantiez
Dessinatrice – Coloriste : Marie Deschamps
Éditeur : Comme une orange
Parution : Octobre 2015
Prix : 12€
21 mars 1915, dans la Somme en France. Oan erre car il est perdu. Il désespère de rejoindre les lignes françaises. Alors qu’il s’accorde une pause, son attention est attirée par quelque chose. Ne voulant prendre aucun risque pour sa vie, il tire par réflexe sans savoir de quoi il s’agit. Et sa surprise est grande lorsqu’il découvre que sa «cible» n’est autre qu’une enfant qui vit là, seule. Plus précisément dans la cave de sa maison en ruines. Angèle est son nom. Le militaire, n’écoutant que son cœur et ne pouvant se résoudre à l’abandonner à son triste sort, décide de l’emmener avec lui pour la sauver. Commence alors un émouvant et dangereux périple où la petite fille et le breton vont s’apprivoiser tout en essayant de survivre au travers de leurs rêves partagés.
Le Printemps d’Oan, c’est tout simplement une intense décharge émotionnelle. Ceci étant dit sans démagogie aucune car c’est réellement ce que vous ressentirez à la lecture de ce magnifique roman graphique. Éric Wantiez (Tatsu, le dragon de la pluie) y dépeint l’horreur de la première guerre mondiale de manière originale en racontant l’histoire d’Angèle et Oan. Le scénariste fait progresser la petite fille et le poilu dans la violence du conflit sur un rythme qui va crescendo, tout comme la charge d’émotions qu’il imprime au récit. Une rencontre très touchante où la dimension fantastique, typique des contes bretons, fait tout son effet. La restitution graphique de Marie Deschamps (Un secret) est absolument incroyable. Avec un minimum de traits, la dessinatrice fait parler ses crayons avec une sensibilité et une portée poétique telles, qu’elles font «presque» oublier le dur contexte de la guerre. Pour reprendre les paroles d’une enfant en pleine lecture de l’histoire : « Les illustrations parlent d’elles-mêmes. Elles touchent ! » Tout est dit ! L’interaction et la complémentarité du travail des deux auteurs sont d’une évidence flagrante et vous portent loin, très loin vers le golfe d’Oan.
C’est pour ce genre de petite pépite que l’on aime la bande dessinée. Magnifique !
Stéphane Girardot
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