Titre : Gamine
Scénariste : Benjamin Read
Dessinateur : Chris Wildgoose
Coloriste : André May
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Parution : Septembre 2014
Prix : 15,95€
Dans une société totalement inégalitaire, les enfants des rues craignent les couvre-feux au cours desquels les policiers ne se gênent pas pour les embarquer en direction de la potence. Pourtant, un petit groupe rôde près d’une immense propriété. Une gamine est alors envoyée contre son gré par-delà les hauts murs pour tenter de ramener des bricoles à vendre. Mais, surprise par le propriétaire des lieux, l’enfant amuse et apitoie celui qu’elle prenait pour un sorcier. A son contact, le vieil homme va renouer avec une humanité qu’il pensait perdue. En l’adoptant comme sa fille, il va lui apprendre ses talents d’alchimiste qui lui permettent de donner vie à des objets de porcelaine…
Attention, chef d’oeuvre ! En faisant se télescoper les univers de Charles Dickens et de Tim Burton, Benjamin Read réussit lui aussi l’alchimie parfaite. On ne saura pas s’il a volé l’âme de son dessinateur pour y arriver, mais le résultat est bluffant. Son récit a tout du conte gothique, avec une pointe de noirceur, de fantastique et de poésie, et suffisamment d’idées personnelles pour ne pas résumer cette série à ses influences. De bout en bout, son histoire touche et tient en haleine sans jamais dévier de la trajectoire idéale. Certains passages, tout simplement sublimes comme la découverte du jardin d’hiver, sont d’une beauté saisissante, grâce au talent de Chris Wildgoose et du coloriste André May, qui parvient à bon escient à donner froideur ou force au graphisme. Le trait du dessinateur britannique éclate ainsi au fil de planches qui sont autant de morceaux de choix. Une perle de plus dénichée par Thierry Mornet pour le somptueux catalogue Delcourt.
Une oeuvre extraordinaire, à la beauté ardente et violente. Indispensable !
Arnaud Gueury
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