
© Rue de Sèvres, Paris, 2019
Titre : La Planète aux cauchemars
Scénariste : Mathieu Sapin
Dessinateur : Patrick Pion
Coloriste : Walter Pezzali
Éditeur : Rue de Sèvres
Parution : Mars 2019
Prix : 15€
Tout juste arrivée sur Newburyport, Eva Orne cherche à acheter un billet pour rejoindre de la famille sur Arkam mais le tarif l’incite plutôt à attendre une barge faisant escale sur Innsmüt. Bien que le guichetier la prévienne que les lieux et les habitants n’ont pas bonne réputation, la voyageuse préfère attendre ce vol. Pour s’occuper, elle se renseigne sur le folklore et l’histoire locale, et embarque enfin, seule, à destination de l’inquiétante Innsmüt. Sur place, tout est désolé et semble à l’abandon. Seuls fonctionnent encore une raffinerie d’or et un culte étrange, l’église de l’Ordre de Dagon…
« Prenez garde, si vous vous aventurez là-bas. Une communauté qui glisse au plus bas niveau de l’échelle culturelle ne peut qu’inspirer le dégoût… »
En le voyant adapter Le Cauchemar d’Innsmouth, une courte nouvelle de H.P. Lovecraft, sous la forme d’un album de science-fiction, on attendait de voir comment Mathieu Sapin se sortirait de l’exercice, espérant découvrir un one-shot angoissant et oppressant. Las, le résultat n’est clairement pas à la hauteur du défi. L’intrigue ne décolle jamais – un comble – et se met très lentement en place jusqu’à un final brutal qui donne toutes les clés en deux pages sans vraiment rien résoudre. Pire, les thèmes propres au romancier et à son oeuvre semblent en retrait, parfois même ajoutés artificiellement à une « aventure » sans relief ni enjeux. En ne transcendant jamais le matériau d’origine, en n’utilisant pas la SF pour établir un parallèle avec notre époque et en semblant embarrassé par le culte qu’il est contraint d’évoquer, le scénariste donne comme son personnage l’impression de patauger sans savoir où aller. Le trait de Patrick Pion, capable de produire de très belles planches (comme celles du – seul et unique – cauchemar de l’héroïne) mais aussi d’autres moins convaincantes, ne peut évidemment pas donner plus de corps à cette BD très en-deçà des productions habituelles de l’éditeur.
Un album qui manque cruellement de moelle et d’une construction plus aboutie.
Arnaud Gueury
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