Titre : Pine Colade
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jake Chirak
Éditeur : Lapin
Parution : Août 2020
Prix : 13€
Deux colocs, dont une transgenre ; un « couillon » à la recherche de sensations fortes ; un masochiste et une sorcière. Tous ces personnages se livrent à des exactions sexuelles et/ou para-sexuelles étranges et parfois mystérieuses. Aussi, on découvre que Lazare aime se faire manger (pratique du « vore »), on fait également la découverte, avec Candide et Olympe, alors qu’elles-ils décident de passer la nuit dans un cimetière, des pratiques nécrophiles d’un gardien de cadavres… On découvrira encore certains personnages qui payent pour se faire uriner dessus ou encore les joies des bukkake et autres pratiques sadomasochistes. Bref, le lecteur voyage d’assouvissements en relents parfois gores.
Ce voyage étrange et sexuel ne laisse pas indemne. Tantôt dérangeant, parfois bizarrement excitant, ces découvertes de toutes formes de fétichismes surprend par la forme et par le fond. Une plongée dans une sorte de darknet légal, frôlant avec les limites de la conscience. : nécrophile, tératophile, urophile, hommes aimant pondre, se faire manger, fantasme de grossir ou de se retrouver « enceint » : rien n’est oublié dans ce recensement un brin exhib/voyeur. Malgré cela, les images fascinent et, de fait, nous questionnent sur notre propre perversion : sommes-nous finalement tous déviants ? Tous les tabous ici tombent, et il n’est pas impossible de se sentir finalement attirés par ces personnages ancrés dans un plaisir parfois glauque jusqu’à la partouze finale où tous les fluides se déversent comme l’apothéose et la jouissance d’avoir survolé toutes ces pratiques dont on n’ose que très rarement croire en l’existence. Il semble que Jake Chirak soit assez facile à reconnaître en festival, « il suffit de chercher le petit bonhomme à lunette avec des cheveux orange et roses, des habits qui pètent les yeux et un carnet de dessin caché dans la poche ». Rien d’étonnant à la vue de ces cases toutes plus colorées les unes que les autres. Cette magnifique prise de partie ne fait qu’ajouter un aspect fascinant et incorrect au fond de l’inventaire. Jake Delamare, de son vrai nom, dit avoir pris plaisir à croquer tous ces corps différents, dessinés sans réels critères de beauté, comme on peut en trouver partout. C’est sans doute ce feu d’artifice décomplexé qui fait de cette œuvre un objet à part et étrange dans lequel on a envie de plonger, fasciné par les interdits et le danger.
Avis parental indispensable… pour le plus grand plaisir de ceux qui auront le droit de se plonger dans cet amas de fantasmes dérangeants et excitants.
Jérôme Prévot
Réagissez !
Pas de réponses à “Pine Colade”