

- Titre(s) : Pigalle, 1950
- Scénariste(s) : Pierre Christin
- Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Jean-Michel Arroyo
- Editeur(s) : Dupuis
- Collection : Aire Libre
- Parution : Avril 2022
- Prix : 25,95 €
- EAN : 9791034737697
Lorsque Toinou décide de plaquer son Aubrac natal et ses fromages pour rejoindre Paris à 18 ans, c’est un nouveau monde qui s’ouvre à lui. Loin de sa buse comme seule amie, des vaches et des cochons, il apprend à découvrir une nouvelle faune. Engagé chez son cousin Alric, il parcourt les rues de Pigalle pour effectuer des livraisons de charbon et de boissons. Il fréquente alors le cabaret La Lune Bleue et fait bientôt partie des meubles au point d’effectuer des extras là-bas, à la demande du patron, « Beau Beb ». Dès lors, Antoine a tout pour grandir et découvrir l’amour, mais aussi les ennuis. Si Mireille ne le laisse pas indifférent et qu’il a su se mettre dans la poche « Poing-barre », le videur, et « Pare-brise », le comptable, sa vie va basculer lorsqu’il va être présenté aux gaillards corses qui codétiennent l’établissement…
« Tu connais vraiment rien à rien. Le calorifère, la chaudière. C’est elle qui chauffe toute la boîte et donne de l’eau chaude. Elle ne doit jamais s’arrêter. Quand tu auras fini, tu montes me rejoindre là-haut. Je te présenterai au Beau Beb.
– C’est qui, le Beau Beb ?
– Le patron, petit ignorant. »
Quelle belle ambiance ! Même sans avoir vécu cette époque, quiconque aura lu ou vu des œuvres se sentira en terrain connu. Le Pigalle fantasmé de 1950, avec ses petits boulots, ses grandes gueules aux surnoms idoines et son monde de la nuit, est parfaitement rendu, avec ce qu’il faut d’humanité, de drames et de personnages marquants. L’intrigue, entre tranches de vie du jeune Antoine et polar classique, est bien ficelée et équilibrée. Graphiquement, c’est un régal, aussi bien grâce à la mise en scène qu’aux détails nombreux et soignés. La monochromie en nuances de gris est également un choix payant, apportant de la noirceur et de la nostalgie, mais surtout de l’élégance. Si l’atmosphère (« atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ») est la grande réussite de cet album, il a aussi tout ce qu’il faut de puissance et d’émotion pour intégrer les belles surprises de l’année. Bravo messieurs Christin et Arroyo, votre numéro est digne de figurer à La Lune Bleue.
Une très belle immersion dans le tumulte du Pigalle d’après-guerre.
Nicolas Raduget
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