- Titre(s) : Piero Manzoni – À chaque jour suffit sa peine
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Paolo Bacilieri
- Editeur(s) : Sarbacane
- Parution : Septembre 2024
- Prix : 25,00 €
- EAN : 9791040805939
« De tant piscinin che l’era… El ballava volenterra… El ballava in sú on quattrin… De tant che l’era piscinin… » Un chant envoûtant résonne dans le quartier Brera à Milan : Nanda Vigo vient de découvrir le corps sans vie de son conjoint, l’artiste Piero Manzoni, alors que celui-ci n’avait même pas trente ans. Quelle a été la vie de cet artiste fulgurant ? Piero Manzoni avait-il toujours voulu être un artiste ?
« On est en 1955, Piero abandonne l’université. Il approfondit et renforce son lien ave la peinture. Durant cette phase, et pour le restant de ses jours, un lieu devient fondamental pour lui : une enclave, un refuge, un parnasse, un Q.G. pour anarchistes, situationnistes, prostituées, martiens, homosexuels, lesbiennes, étudiantes des Beaux-Arts en duffle-coat vert ou rouge… »
À travers cette première biographie en bande dessinée de l’un des pionniers de l’art conceptuel et de l’Arte povera, notamment célèbre pour sa « Merde d’artiste » en boîte (évidemment choisie en couverture de l’album, y compris de l’édition originale), Paolo Bacilieri offre une véritable plongée dans une époque mais aussi une ville qu’il affectionne particulièrement et qui a souvent servi de toile de fond à ses précédentes œuvres (Tramezzino ou, avec déjà un lien thématique, Ettore e Fernanda et justement Era Brera). L’auteur le dit lui-même (dans une interview menée par Alex Urso) : ce livre n’est « ni une biographie exhaustive ni une analyse critique » de la place occupée par l’artiste mais plutôt un voyage dans le temps, « pas à bord d’une DeLorean mais d’une vieille 500 ». Et c’est parfaitement réussi ! Si l’idée de travailler sur cet artiste lui a été soufflée par Giovanni Ferrara, alors rédacteur en chef de Coconino, il suffit de jeter un œil à la bibliographie proposée par l’auteur en fin d’ouvrage pour mesurer le sérieux de l’auteur et l’importance visiblement acquise par Piero Manzoni à ses yeux. De plus, les dates des différentes planches montrent que ce travail, paru en Italie en 2023 (puis traduit par Aurélie Breuil pour cette édition française), s’est étalé sur plusieurs années. Côté dessin, on retrouve ici les très beaux gris caractéristiques de Paolo Bacilieri, tout en hachures et zones tramées. Enfin, on ressort de cette lecture en s’interrogeant sur ce qui « est de l’art ou pas » pour nous mais surtout avec l’envie d’en savoir plus sur les différents artistes avec lesquels on a vu Piero Manzoni échanger ou débattre et d’aller (re)découvrir les œuvres de ce dernier exposées au Centre Pompidou.
Une biographie passionnante d’un artiste pionnier et une déclaration d’amour à la ville de Milan.
Chloé Lucidarme
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