© Le Lombard

Titre : Les zombies. La vie au-delà de la mort.
Auteur : Philippe Charlier
Dessinateur – Coloriste : Richard Guérineau
Éditeur : Le Lombard
Collection : La Petite Bédéthèque des Savoirs
Parution : Octobre 2017
Prix : 10€

Pour vous mettre dans l’ambiance, ce nouvel album commence par l’histoire vraie et terrifiante de Clairvius Narcisse qui est mort une première fois le 2 mai 1962. En réalité, il ne l’est pas mais est devenu un zombi. Dix-huit ans après sa disparition, en 1980, il retrouve sa sœur par hasard et entame une seconde vie bien remplie où il est évangéliste et renie la religion syncrétiste à l’origine de tous ses malheurs passés, le vaudou. Il meurt réellement en 1994. Le cas de Clairvius n’est pas le seul recensé en Haïti et cela fait froid dans le dos. Pour comprendre comment ce phénomène est possible, il faut faire un tour d’horizon de la culture vaudou et s’en imprégner (Mais pas trop !). Un voyage au pays des morts pas tout à fait morts où Max Beauvoir, les Loas (dont Baron Samedi et son épouse Maman Brigitte, Papa Legba entres autres), les houngans, les mambos, les bokors, les zombis (Bien sûr !) ou encore les Tontons Macoutes des Duvalier, seront vos guides. C’est parti… Enfin, si vous n’avez pas trop les chocottes !

Vous vous êtes certainement déjà demandés si vous deviez écrire zombie ou bien zombi. La réponse est simple, les deux graphies sont bonnes ! « Zombie » décrit le zombie culturel, c’est-à-dire celui du cinéma (White Zombie, 28 days later, Night of the living dead,…), de la BD (Walking Dead, Zombies, …), de la Littérature (Jésus n’est-il pas revenu d’entre les morts ?) et des jeux vidéo (Left 4 Dead, Resident Evil,…) alors que « Zombi », sans le « e », évoque le zombi originel issu de la culture vaudou. C’est cette seconde catégorie qui est développée dans ce nouveau tome de La Petite Bédéthèque des Savoirs par Philippe Charlier et Richard Guérineau. La première est largement abordée dans la préface de David Vandermeulen, Directeur de la collection. Car comme chacun le sait, derrière toute fiction il y a une part de réalité. En effet, le mythe des zombies tire son origine en Haïti. Ainsi si vous avez déjà quelques notions en la matière, le Docteur Philippe Charlier – médecin légiste, anatomopathologiste et paléopathologiste – va encore plus loin dans le détail non seulement de la zombification (Ne vous amusez pas à la pratiquer, cela semble dangereux !) mais aussi de la religion vaudou. L’ensemble est agrémenté de nombreux cas concrets concernant des personnes bien réelles. Et bien qu’assez déstabilisante, la lecture est passionnante. Le contenu interpelle, intéresse, instruit et est superbement porté par le trait réaliste de Richard Guérineau. Le dessinateur, en habitué des fictions qui se basent sur une part de vérité avec notamment Le chant des Stryges, était le candidat idéal pour ce projet. De plus, la mise en couleurs fait preuve d’un superbe sensibilité chromatique. De même, que nous avons apprécié la mise en scène de Max Beauvoir en maître de conférence durant une séquence et la représentation graphique de Baron Samedi.

Un sujet judicieusement traité et magistralement illustré !

Stéphane Girardot