

- Titre(s) : Le Petit frère
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : JeanLouis Tripp
- Editeur(s) : Casterman
- Parution : Mai 2022
- Prix : 28,00 €
- EAN : 9782203228641
JeanLouis a 18 ans et passe ses vacances en famille sur les routes de Bretagne. C’est lors de l’avant-dernier jour de leur périple d’une semaine dans les monts d’Arrée que se déroule un drame. Le 5 août 1976, son petit frère Gilles est fauché sous ses yeux par une voiture alors qu’il se trouve sur le marchepied d’une des roulottes du convoi. Le conducteur ne s’arrête pas et continue de rouler sans porter assistance au jeune garçon alors âgé de 11 ans. Gilles décède de ses blessures le 6 août à 1h00 du matin. De la gendarmerie – pour recueillir sa déposition et porter plainte – au procès, en passant par l’hôpital, la veillée du corps, l’enterrement et le procès, JeanLouis raconte sur la base de ses souvenirs et grâce à la mémoire collective ce terrible moment, pour lui et ses proches, dont les blessures psychologiques commencent à peine à s’estomper presque 46 ans après.
Saluons d’emblée le courage de JeanLouis Tripp et sa famille de s’être replongés dans ce souvenir familial des plus douloureux afin de nous le partager. Ce témoignage cathartique, qui s’est imposé à l’auteur à la suite de divers événements cités dans une postface, émeut au plus haut point. Et des émotions, le lecteur en a tout au long des 334 planches de ce roman graphique qui ne sombre à aucun moment dans le pathos. Seules les choses vraies sont racontées et tous les sentiments diffusés, une performance extraordinaire sachant que le récit ne suit aucun scénario préalable. Le déroulé se fait au fil de souvenirs et des échanges avec sa maman, son frère, etc. Pour marquer les esprits comme le sien a été marqué à vie, JeanLouis Tripp évoque très rapidement l’accident. Une planche reste d’ailleurs gravée bien après la lecture : celle où les mains de Gilles et JeanLouis sont séparées par l’éclair vert. Bien loin d’Extases qui cueille le lecteur dans un tout autre registre et où la mort de Gilles est évoquée brièvement, Le Petit frère bouleverse littéralement. Pour la première fois, l’iPad est au cœur du process créatif. Le résultat en est bluffant. L’utilisation d’un lavis tirant vers le rouge, les effets visuels apposés et la séquence en fin d’album totalement colorisée dans une temporalité plus apaisée sont autant de choix graphiques judicieux qui immergent le spectateur encore plus profondément dans l’intimité de ce drame.
À la mémoire de Gilles avec toute notre affection.
Stéphane Girardot
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Une réponse to “Petit frère (Le)”
2 décembre 2022
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