Titre : Homo sapiens
Auteur : Antoine Balzeau
Dessinateur – Coloriste : Pierre Bailly
Éditeur : Le Lombard
Parution : Avril 2019
Prix : 10€
Musée de l’Homme, place du Trocadéro à Paris. Nous ne sommes qu’un. Nous, les hommes et les femmes de la Terre entière, sommes tous de la même espèce. Eh oui, n’en déplaise à certains, il n’y a pas plusieurs races chez l’Homo Sapiens comme c’est le cas chez les animaux et les plantes. Qui dit race, dit sélection volontaire. Ils sont donc biologiquement très variables en comparaison de nous qui ne le sommes que très peu. De fait, nous connaissons-nous vraiment ? Savons-nous vraiment qui nous sommes ? Le paléoanthropologue Antoine Balzeau, qui est à la pointe des recherches basées sur de nouvelles techniques qui permettent de voir à l’intérieur des fossiles, nous propose un voyage en trois étapes pour y voir plus clair à propos de la grande Histoire de notre Humanité. La première est axée sur la présentation des concepts/théories depuis De l’origine des espèces de Charles Darwin publié en 1859, la seconde est une excursion préhistorique qui commence 300 000 ans en arrière à Djebel Irhoud au Maroc et, enfin, la troisième parle des perspectives d’évolution de l’Homo Sapiens. Un bilan qui permet de savoir ce que la science actuelle peut déduire et conclure de notre histoire mais aussi voir ce que cela peut nous apporter pour construire notre futur. Retour vers le (très lointain) passé !
En préambule à cet extraordinaire, éclairant et on ne peut plus instructif voyage dans le temps, David Vandermeulen pose de sa belle plume une préface qui passe en revue l’Histoire des sciences (paléontologie, paléoanthropologie, etc.) afin de permettre à Antoine Balzeau d’entrer dans le vif du sujet. Une fois de plus, le contenu de ce nouvel opus de La Petite Bédéthèque des Savoirs nous en bouche un coin ! En effet, le scientifique remet les choses à leur place en cassant des clichés sur l’Homo Sapiens. Comme le fait qu’il est – que nous sommes donc – le résultat du culte de l’adaptation à tout-va, de la survie du plus fort. Notre évolution n’implique pas forcément d’amélioration, n’a pas de direction et l’Homme n’est pas un aboutissement ni une finalité en soi. Non, nous sommes le fruit du hasard ! Antoine Balzeau met également un point d’honneur à démontrer que l’expression « l’homme va à la chasse, la femme à la cueillette et s’occupe du foyer (depuis l’époque de nos ancêtres préhistoriques) » est une idée totalement gratuite. Mais ceci n’est que la partie visible de l’iceberg car de nombreuses autres révélations vous attendent au fil des pages. Et d’autres sont à venir dans le futur car de nouvelles techniques (imagerie, paléogénomique, protéomique, etc.) apportent de nouvelles informations. Et les faits exposés dans la troisième chapitre sont tellement vrais et d’actualité qu’ils poussent à la réflexion, voire à la prise de conscience. Nous vous rassurons de suite : ce n’est pas barbant du tout. Au contraire tout est explicite et parfaitement vulgarisé. On peut même dire que c’est convivial grâce à la mise en images de Pierre Bailly. Le créateur de Ludo et de Petit poilu (avec Céline Fraipont) prend un malin plaisir à mettre en scène le chercheur du C.N.R.S. dans un contexte humoristique qui fait passer les messages en douceur.
Un nouveau volume de la collection mené avec sérieux dans le propos et légèreté dans le dessin. Un excellent équilibre validé par le Muséum National d’Histoire Naturelle.
Stéphane Girardot
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