Titre : Pendant ce temps
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Pelle Forshed
Éditeur : L’Agrume
Parution : Septembre 2020
Prix : 20€
Dans une banlieue calme de Stockholm, une mystérieuse disparition vient quelque peu troubler la monotonie. Odd, père de famille fraîchement arrivé dans le quartier, s’est évaporé sans laisser de trace, avec ses disques, ses BD et ses figurines de collection ! Sa compagne et ses deux enfants se sont installés dans la maison qu’il venait de rénover pour leur emménagement. L’enquête pousse tout le monde dans un profond désarroi. Est-ce un suicide ou un accident ? Une sœur vient à la rescousse. Le voisin d’en face aimerait bien aider lui aussi, mais il a déjà pas mal à faire avec sa femme, universitaire dépressive, et son fils, dont la passion héritée du grand-père pour les papillons morts en fait le bouc-émissaire idéal auprès de ses camarades de classe. C’est sans doute lui qui a assassiné Odd pour l’empailler…
Intrigués par cette étrange couverture qui nous fait nous demander ce qu’attendent ces deux gamins encapuchonnés, séduits par le format généreux du roman graphique, puis happés par le résumé de la quatrième, nous voilà repartis avec l’album sous le bras avec le sentiment du devoir accompli quant à notre contribution au marché du livre. Reste à savoir si le coup de foudre se vérifie. On n’entre pas forcément très facilement dans cette histoire au graphisme minimaliste. Pelle Forshed ne déroge pas à son style habituel : des visages peu esthétiques et des décors très épurés à géométrie variable, agrémentés d’un aplat de couleurs. Mais si l’on fait cet effort, on se rend compte que cet ensemble forme un tout qui colle magnifiquement bien avec l’ambiance de ce mystère pavillonnaire. L’intrigue de cette disparition est très prenante, et nous fait découvrir des personnages plus paumés les uns les autres dans notre monde actuel et mélancolique. Les rumeurs et autres inquiétudes liées à l’enquête n’arrangent rien. On les accompagne dans leur mal-être, dans leurs interrogations. C’est tellement glauque par instant qu’on se met à rire. Les séquences finissent par s’enchaîner sans véritable temps mort, des séquences chez une psy au découpage original venant apporter quelques respirations. Finalement, le temps passe assez vite, et le dénouement ne déçoit pas ! Le coup de foudre s’est transformé en coup de cœur.
Un bel ovni suédois, qui donne un coup de Pelle à l’existentialisme.
Nicolas Raduget
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