Ce hors-série intitulé Ombres et lumières sur Venise est sorti en parallèle du trentième et ultime tome des aventures de Vasco (L’or des glaces). Il s’agit d’un livre composé d’une superbe réédition en noir et blanc de Ténèbres sur Venise (6ème opus de la série Vasco) et d’un dossier très détaillé de Luc Révillon qui commente cet album de Gilles Chaillet alors au sommet de son Art.
En préambule, l’historien revient rapidement sur les débuts de l’illustrateur dont le style est très proche de celui de Jacques Martin (Alix). Et ce, depuis sa première planche réalisée à l’âge de 15 ans, pour la série Claudius en 1961, dont un scan est proposé dans le présent ouvrage. L’architecte Thierry Lebreton, assistant de Gilles Chaillet de 1984 à 1990, évoque brièvement sa collaboration concernant ce sixième album de Vasco. Tout comme, Chantal Chaillet, coloriste dès les premières heures de la série, qui se rappelle de cette volonté d’avoir un ciel dans « les bleu-vert-marron » pour une séquence en particulier. Une évidence chromatique pour lui ! Tous deux gardent en mémoire la documentation – massive parfois – qui accompagnait ses demandes. Tout cela dans le but d’être réaliste et pointu historiquement.
Et cette version de Ténèbres sur Venise – largement analysée par Luc Révilllon – permet de s’en rendre compte aisément. Grâce à de nombreuses photos de Venise, de tableaux et de dessins qui, mis en regard de cases de l’album, montrent tout le travail fourni pour être au plus près de la réalité.
Pour exemple :
La chute du Doge Marin Falier est un fait historique réel auquel participe Vasco de par la volonté de l’auteur. Son « Chara design » est basé sur une peinture de Giovanni Bellini : Le portrait du Doge Leonardo Loredan (1501).
Les « Cavallieri della pace », quant à eux, sont affublés d’un masque – transformé en cagoule – qui ressemble à celui des médecins de la peste à une époque ultérieure au « trecento ». Une partie d’un costume imaginé par un médecin français du 16ème siècle qui est représenté sur l’aquarelle Le bon médecin de Giovanni Grevembroch. Parce que la forme est marquante et pour rappeler l’épisode « peste noire » de Venise.
Cependant, on apprend que l’auteur s’est autorisé quelques petites entorses et le lecteur remarquera certainement les subtils clins d’oeil à Jacques Martin et Derib.
De plus, les déplacements de Vasco dans Venise sont décortiqués sur plusieurs cartes d’époque et un aparté sur les amours impossibles de l’histoire est ajouté. Il y est question de Roméo et Juliette (Le héros passe par Vérone avant d’arriver à Venise), de Pétrarque et Laure (Le couple sauve le siennois) et en enfin, de Vasco et Sophie.
Il y a d’abord le plaisir d’admirer le récit en noir et blanc. Puis, celui de s’en voir révéler tous les secrets (Ils sont nombreux !). Et au-delà, d’explorer la Sérénissime de cette ère.
Une véritable mine d’informations qui rend cette (re)découverte, doublée d’une lecture-hommage, encore plus passionnante.
Stéphane Girardot
Titre : Ombres et lumières sur Venise
Scénariste – Dessinateur : Gilles Chaillet
Dossier : Luc Révillon
Éditeur : Le Lombard
Parution : Septembre 2019
Prix : 14,99€
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