- Titre(s) : L’Ennemi du genre humain
- Scénariste(s) : Alain Ayroles
- Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Richard Guérineau
- Editeur(s) : Delcourt
- Parution : Septembre 2023
- Prix : 22,95 €
- EAN : 9782413078548
1745. Le chevalier Justin Fleuri de Saint-Sauveur est précédé par une réputation sulfureuse, lui qui cumule les conquêtes et s’affranchit de tous les codes pour son seul bon plaisir. Arriviste prêt à toutes les bassesses pour gravir les échelons, il s’est juré de mettre dans sa couche la belle et prude Eunice de Clairefont qui, avisée et instruite, refuse de répondre à ses lettres. Alors que ce triste personnage la poursuit de ses assiduités, elle fait la rencontre d’un être plus noble, le baron de la Tournerie, avec qui elle partage bien plus de choses…
« Me comporter comme une garce m’évite d’être traitée comme une putain. Mais vous, chevalier, qui êtes du bon côté du manche… Pourquoi tant d’artifices? Pourquoi tant de cruauté? Qu’est-ce au juste qui vous anime, Monsieur de Saint-Sauveur? »
Après avoir connu un beau succès avec Les Indes fourbes, Alain Ayroles poursuit sa collaboration avec Delcourt pour un projet un peu hors normes, cette fois auprès de l’excellent Richard Guérineau. Avec cet album en très grand format, à la couverture soignée et à la pagination généreuse, l’éditeur souhaite marquer un grand coup en cette rentrée et l’association de deux talents assure la qualité de ce premier tome plus que prometteur. Le scénariste imagine ainsi la découverte de lettres laissées par un certain chevalier de Saint-Sauveur, qui raconteraient de manière scandaleuse et choquante les dernières décennies des Lumières, probablement jusqu’à la Révolution française. Cette brillante idée permet d’alterner dialogues et extraits de courriers, créant une narration originale mais fluide, qui n’est pas sans rappeler ses illustres modèles littéraires. Les textes savamment composés sont admirablement complétés par le graphisme, que Richard Guérineau parvient à magnifier d’album en album. Ses plus récentes œuvres, qu’elles soient personnelles ou adaptées de romans, lui ont permis de peaufiner son trait et de faire passer de multiples émotions sur une même page. On ne peut ainsi s’empêcher d’admirer l’audace du détestable héros de cette série, tant il semble cacher des blessures sous cet air impudent. Si la première partie est plus accrocheuse et machiavélique, et nous en apprend beaucoup sur lui, la seconde développe davantage le cadre de l’histoire et met à jour toutes les dérives de l’époque. Habile !
Une subtile et malicieuse peinture d’un siècle aussi noble que décadent.
Arnaud Gueury
Réagissez !
2 Responses à “Ombre des Lumières (L’) #1”