Titre : Première-Née
Scénariste : Hubert
Dessinateur – Coloriste : Bertrand Gatignol
Éditeur : Soleil
Collection : Métamorphose
Parution : Novembre 2020
Prix : 26€
Au crépuscule de sa vie, Première-Née, la première de tous les géants, fille aînée du Fondateur, convoque sa petite-fille pour lui faire une dernière demande et enfin accomplir ce qu’elle aura toujours tenté de faire sans jamais y parvenir : rendre leur juste place aux femmes dans la famille. Car, depuis sa naissance, son destin n’aura toujours été que celui d’enfanter des géants et perpétuer cet héritage monstrueux. Pourtant, en voyant sa mère mourir en accouchant, elle s’était juré de ne jamais avoir d’héritier, se heurtant constamment à son père sur ce sujet. Plus forte que ses sœurs, en guerre avec ses frères, ses rêves d’émancipation seront tous sacrifiés les uns après les autres…
« Pour qui te prends-tu? Pour la souveraine de ces terres? Ne te mêle pas de politique et reste à ta place, au gynécée, avec mes enfants. En attendant d’en faire à ton tour, c’est ça ton rôle. »
Difficile de parler de cet ultime opus de la série sans avoir une forte pensée pour Hubert, disparu cette année. Le scénariste livrait avec Les Ogres-Dieux une de ses plus belles créations – et elles sont pourtant nombreuses – et cette sortie posthume porte sa marque de manière indélébile. En brossant le portrait d’une femme forte dans un monde violent et étriqué, le message féministe est évidemment clair, mais il dépasse largement cet horizon en faisant l’apologie de l’éducation, de l’ouverture et du respect. Le tout dans un récit plein de souffle romanesque, de théâtralité et d’une puissance dramatique ahurissante. Entrecoupées de textes permettant les transitions entre les chapitres tout en approfondissant la situation de l’intrigue, les planches de Bertrand Gatignol éblouissent une fois de plus. Son graphisme exceptionnel illumine cette aventure à chaque instant, tout comme sa manière unique de jouer avec les noirs et blancs dans une colorisation très particulière qui donne son originalité à la série. Jouant constamment sur les échelles pour accentuer les tailles variées des personnages, il aura inventé un univers marquant auquel on a peine à dire adieu.
Un album qui boucle le destin de ces héros hors-normes et fait honneur à son co-créateur trop tôt disparu.
Arnaud Gueury
Réagissez !
Pas de réponses à “Ogres-Dieux (Les) #4”