Titre : L’Eau qui dort
Scénariste : Pog
Dessinateur – Coloriste : Cédrick Le Bihan
Éditeur : Fluide Glacial
Parution : Mars 2019
Prix : 14,90€
Bougon et secret, Pacifique Le Quellec a tout du marin solitaire et taiseux. Même pour ses copains du bistrot du coin, il est un cas à part. Car Pacifique leur affirme qu’il discute régulièrement avec une mouette. Un sujet de plaisanterie qui ne devrait pas en être un, car ses discussions avec Guidasse, une femelle goéland, sont les seuls vrais rapports qu’il a avec une autre personne. Jusqu’à l’arrivée d’Alice, une jeune citadine qui souhaite profiter de son bateau pour faire du snorkeling près des cotes bretonnes. Avec elle, Pacifique pourrait bien s’ouvrir un peu. Ce qui n’enchante pas Guidasse…
« Snorkeling, kitesurf, faut toujours qu’ils inventent des noms à la con… Y a plus un endroit où personne vient t’emmerder… »
Ô Pacifique, nouvelle série imaginée par Pog et Cédrick Le Bihan, arrive comme une bulle d’air à la surface de la dense production de bande dessinée de notre époque, un peu inattendue, totalement surprenante et grandement rafraîchissante. Car les personnages, Pacifique et Guidasse en tête, sont atypiques et charismatiques, tandis que leur univers, à la fois simple et réaliste, sont dépeints avec beaucoup de sensibilité par les auteurs. Loin de Mulo, leur précédente collaboration, on se laisse porter par la vie terne (en apparence) mais touchante d’un héros ordinaire portant un passé plutôt lourd qu’on découvre par petites touches et qu’on voit peu à peu s’ouvrir et réapprendre à vivre. Mais c’est surtout sa relation avec la sarcastique mais attachante Guidasse qui donne un ton fantaisiste – et beaucoup de son originalité – à cet album que l’on aimerait voir toucher un large public. Car, si le scénariste soigne ses protagonistes et signe des dialogues particulièrement savoureux, le dessinateur donne vie à tout ce petit monde avec un grand soin et une – relative – simplicité qui cadre à merveille avec l’esprit de la série.
La chronique pas ordinaire d’un homme ordinaire… et d’un goéland délicieusement bavard !
Arnaud Gueury
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