
A l’instar d’Astérix, autre éminent héros de BD franco-belge, les Schtroumpfs ont eu droit à une multitude de jeux vidéo basés sur l’univers créé par Peyo. Dès 1982, Les Schtroumpfs au château de Gargamel, édité par Coleco pour sa ColecoVision et l’Atari 2600, proposait une sympathique petite aventure. En 1994, Les Schtroumpfs, un jeu édité par Infogrames, se voyait sortir sur toutes les consoles portables et de salon du moment (NES, Super Nintendo, GameBoy, Master System, Mega Drive et Game Gear), avant qu’une suite, Les Schtroumpfs autour du monde, sorte deux ans plus tard. D’autres jeux de plate-forme suivront : Le Cauchemar des Schtroumpfs en 1997 sur Game Boy et Game Boy Color, Les Schtroumpfs en 1999 sur PlayStation, La Mission des Schtroumpfs en 2000 sur Game Boy Color… Toujours présents dans le paysage vidéoludique, les lutins bleus ont même investi les jeux de rythme avec Les Schtroumpfs: Dance Party en 2011 sur Wii et les jeux de course dès 2000 avec Turbo Schtroumpf sur PlayStation. Ce dernier titre n’est évidemment pas sans lien avec celui qui vient de sortir le 22 août sur PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X/S après un premier portage sur Switch en novembre 2022, quelques éléments communs assurant la filiation.
Après avoir eu l’occasion de le tester (sur PS4), qu’en pensons-nous ?
Ce qui marche
Comme pour Astérix et Obélix: Baffez-les tous!, Microids a fait le choix, judicieux, de jouer à fond la carte d’un univers coloré, correspondant bien au petit monde imaginé par Peyo. Les décors soignés et respectueux de l’œuvre originale immergent bien sur ces circuits façon modèles réduits à la Micro Machines. Pour qui a déjà joué au pionnier – et référence ultime – qu’est Mario Kart, la prise en main est simple et rapide. Le choix des boutons pour accélérer, freiner, déraper ou jeter des objets est naturel et ne demande pas une grande adaptation, ce qui permet de se lancer très vite dans un défi chronométré ou une course à plusieurs.
Dès le lancement du jeu, 12 Schtroumpfs sont disponibles, et 3 coupes (le village, la forêt et la maison de Gargamel) présentant des décors assez variés pour offrir 12 circuits au total (et le double avec leur version miroir). Deux difficultés de jeu sont disponibles (fun et super vitesse) ainsi que trois modes : défi chronométré, grand prix et course libre. Pour ajouter un peu de challenge à l’ensemble, 110 autocollants sont à collectionner en réussissant certains défis. Une manière un peu artificielle de gonfler le temps de jeu, mais on se prend vite à vouloir tout afficher, la difficulté n’étant pas très élevée.
Techniquement, il n’y a rien à redire sur le fonctionnement du jeu. Hormis quelques temps de téléchargement un peu longs, les courses sont fluides, les décors simples mais efficaces, l’intelligence artificielle des autres concurrents est plutôt bien équilibrée. Rien n’est vraiment spectaculaire mais rien ne vient troubler le plaisir. Toutes les options de jeu ayant été piochées chez le modèle Mario pour être adaptées à cet univers, on retrouve des contrôles simplifiés pour les enfants, leur permettant de se joindre aux plus grands sans frustration, et des objets très familiers dont on comprend vite l’usage (les feuilles de salsepareille pour accélérer, les bulles pour se protéger, les abeilles pour attaquer, etc.). C’est joli, c’est coloré, ça va assez vite pour s’amuser.
Ce qui ne marche pas
Si la prise en main est simple, la fluidité bien présente et l’univers respecté, on se heurte rapidement aux limites du jeu : son contenu. 12 personnages, c’est peu, d’autant que choisir le Grand Schtroumpf, la Schtroumpfette, le Cosmoschtroumpf ou Bouton d’or ne change absolument rien. Leur kart n’est pas personnalisable ni modifiable et n’offre aucune spécificité, vitesse et accélération étant la même pour tous. Prendre l’un ou l’autre ne sera donc qu’un choix limité à piloter avec son lutin préféré, sans exploiter de particularités, hormis une compétence spéciale, sorte de botte secrète qui ne sera pratique que si on est englué dans le peloton (autant dire que si vous faites la course en tête, vous ne verrez jamais ces petites animations amusantes). C’est un peu la même frustration quant aux circuits, eux aussi limités à douze sans qu’aucun ne puisse être débloqué plus tard (à moins d’un DLC ?). S’ils offrent des paysages variés, cela reste en outre limité aux décors de la bande dessinée. Le village des Schtroumpfs et ses abords, la maison de Gargamel, c’est là aussi très peu. Il est évidemment compliqué de proposer autre chose dans un monde si restreint, mais la petite taille des personnages pouvait impliquer plus de fantaisie, à l’instar du manoir de Gargamel qui offre certains des meilleurs passages de tout le jeu. D’une manière générale, le titre manque un peu de folie et d’humour, à l’image d’un écran-titre pas vraiment foufou. A l’heure des consoles de nouvelle génération, le jeu, très sage, n’est pas non plus un formidable marqueur de leurs performances techniques.
Alors, bilan ?
Loin d’atteindre évidemment la qualité de son modèle de chez Big N, qui possède des années de développement depuis Super Mario Kart sorti sur Super Nintendo en 1992 et des moyens financiers et techniques bien supérieurs, Schtroumpfs Kart se place dans le haut du panier de toutes les autres licences ayant tenté leur chance, des plus convaincantes (Crash Team Racing et Muppet RaceMania sur PlayStation en 2000, Sonic & Sega All-Stars Racing en 2010) aux pires bouses, bien trop nombreuses (Shrek: Swamp Kart Speedway sur Game Boy Advance en 2002, Crazy Frog Racer en 2005, M&M’s Kart Racing sur Wii en 2007). Dans un contexte ultra concurrentiel, ce n’est déjà pas si mal pour Microids, dix ans après un Garfield Kart porté sur 3DS puis Garfield Kart: Furious Racing en 2019 sur consoles de salon, deux jeux fraichement accueillis. Comparé à Mario Kart 8, plus complet, plus riche mais aussi plus cher à l’achat, Schtroumpfs Kart peut être un sympathique concurrent, assez familial dans son contenu et son univers, qui pourra contenter les joueurs ne possédant pas de Switch.
Arnaud Gueury
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