Un peu moins de deux ans après un premier opus qui avait su séduire par la simplicité de son gameplay et un respect spectaculaire pour l’univers et l’aspect bande dessinée de l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo, Microids propose une suite à Astérix & Obélix: Baffez-les tous!, toujours développée par Mr. Nutz Studio.
Véritable hommage au beat them up, un genre un peu passé de mode qui parle aux joueurs chevronnés mais suffisamment accessible et amusant pour les plus jeunes, ce titre n’était pas exempt de petits reproches sur la forme plus que sur le fond. Sans un grand temps de développement mais avec les retours du premier jeu, on espérait donc une sensible amélioration sur quelques points.
Après avoir eu l’occasion de le tester à quatre mains (sur PS4 et Xbox One), qu’en pensons-nous ?
Ce qui marche
En terme d’immersion dans une bande dessinée, il est difficile de faire mieux. Le jeu de 2021 avait déjà fort sur la partie graphique, avec un soin tout particulier apporté au respect de l’œuvre originale. La présentation de certaines scènes sous forme de case de BD, avec ses récitatifs et ses bulles, sert à mettre en valeur tout le travail de Philippe Dessoly et son équipe. Les illustrations animées sont une merveille, tant elles sont fluides, colorées et immersives. Les déplacements, les mouvements, les postures des personnages, qu’il s’agisse des deux héros gaulois ou des ennemis, étaient déjà très réussis, mais on sent un peu plus de finesse encore. L’évolution la plus importante concerne toutefois les écrans animés et les transitions, moins plates puisqu’il a été accordé davantage de dialogues aux comédiens de doublage, qui animent et égaient un peu ces passages entre deux chapitres. Leur humour fait globalement mouche, à commencer par leur manière de prononcer le titre du jeu sur l’écran d’accueil !
On constate également très vite que Mr. Nutz Studio a fait cette fois le choix d’une aventure originale, qui ne se base donc pas sur des albums de la BD. Tout débute évidemment dans le célèbre village d’Armorique, quand Goudurix vient demander de l’aide pour disculper son père dans une affaire de vol d’aquila à Lutèce. Astérix et Obélix partent ainsi sauver Océanonix, le frère de leur chef Abraracourcix victime d’une machination. Cette mince intrigue est bien sûr un prétexte à déambuler dans différents lieux peu ou pas exploités dans le jeu précédent. Il faut avouer que cette idée est très bonne, car on a moins l’impression de se laisser porter par une histoire déjà connue dans des endroits familiers. Les rues de Lutèce, les beaux palais, les souterrains, les grottes normandes… tout cela change un peu des habitudes. Le parcours est lui aussi moins linéaire, avec des décors qui font moins « route à suivre en ligne droite de gauche à droite », quand en plus les décors sont plus vivants par la présence de PNJ et de petits éléments de décors comme des oiseaux ou des personnages bien connus (Le Devin, par exemple) qui font une furtive apparition dans quelques scènes. L’écran est ainsi plus mobile et l’impression visuelle s’en ressent.
Du côté de l’attrait principal du genre, à savoir baffer des Romains, bandits et autres Normands, c’est toujours aussi fun ! Les coups de poing et de pied s’enchainent avec fluidité et facilité, entrainant des mêlées savoureuses qui offrent de purs moments de défoulement. Tout est tellement rapide et bien exécuté qu’on a encore l’impression de se retrouver dans un dessin animé.
Ce qui marche moins bien
Si quelques petits défauts du premier épisode ont été gommés, notamment dans la répétitivité du soft, qui devenait très vite agaçant par le retour constant de quelques décors (ah, la galère !), tout n’a pas été amélioré. Ce qui gêne surtout est cette impression un peu désagréable que ce jeu n’est pas vraiment une suite qui mérite son « 2 » mais plutôt un chapitre supplémentaire, un DLC d’une meilleure qualité visuelle et technique. Car l’aventure, si vous ne vous testez pas la difficulté le plus élevée, ne dépassera pas les 4/5h. En mode facile, nous n’avons perdu qu’une seule vie au long de l’aventure (et encore, peut-être à cause de la fatigue). C’est vraiment peu, même pour ce type de divertissement quand on repense au niveau assez relevé d’un Streets Of Rage dans les années 1990. L’intérêt de rejouabilité étant faible (qui se challenge vraiment sur le nombre de pièces à récolter ?), on arrive au bout du jeu avec la sensation de n’avoir eu qu’un aperçu d’une suite. C’est vraiment dommage car on se prend bien plus à l’histoire que dans l’opus précédent, malgré le fait que les ennemis n’aient encore une fois pas beaucoup de variété (les mêmes que dans le premier à une ou deux exceptions près). On s’agacera aussi du fait qu’ils peuvent faire des dégâts relativement importants en enchaînant les coups s’ils arrivent à vous bloquer alors qu’ils restent relativement inoffensifs si vous effectuez des mouvements rapides et variés. Les derniers niveaux chez les Normands sont de plus les moins réussis, de loin, avec des décors plus pauvres et une multitude de clones qu’il est facile d’assommer. La fin manque clairement de relief. Du côté des coups, c’est également un statu quo. Seuls un mode furie et une attaque ultime spécifique à chacun des deux héros font leur apparition, mais leur utilisation n’est pas naturelle et on peut passer tout le jeu sans penser à les utiliser ou savoir comment.
Alors, bilan ?
Plus joli et plus animée, cette « suite » n’en est pas vraiment une, tant sa durée de vie est courte et qu’elle n’offre pas de nouvelles variétés d’ennemis à baffer. L’éditeur reprend ainsi une formule qui a marché, en l’améliorant nettement sur certains points, mais sans lui donner plus de moyens pour élever le niveau de manière significative. On passe heureusement un bon moment car l’histoire ne lasse pas (certains diront qu’elle n’en a pas le temps), que les décors et les animations sont magnifiques et que la répétitivité qui gâchait de nombreuses phases du premier jeu a été partiellement gommée. Mais on peut espérer encore mieux pour le troisième volet qui devrait immanquablement voir le jour.
Arnaud Gueury et Nicolas Raduget
Astérix & Obélix: Baffez-les tous! 2
Editeur : Microids
Développeur : Mr. Nutz Studio
Sortie : Novembre 2023
Réagissez !
Pas de réponses à “Notre test du jeu Astérix & Obélix: Baffez-les tous! 2”