Entre Astérix et le jeu vidéo, c’est désormais une longue histoire ! La licence n’a pas toujours accouché de chefs d’œuvre, loin de là, et pourtant le petit Gaulois est présent dans l’univers vidéoludique depuis 1983 et une première apparition sur Atari 2600. Pas vraiment une création originale puisque le jeu était une adaptation pour l’Europe d’une aventure des Looney Tunes, dans laquelle Taz avait simplement été remplacé par une tête d’Astérix… C’est donc plutôt en 1986, sous l’impulsion du studio français Coktel Vision, que les joueurs ont pu incarner pour la première fois les personnages sur ordinateur (Amstrad CPC 464 et PC-1512 ou Thomson TO7 et MO5) dans Astérix et la potion magique. De nombreux autres opus suivront au cours des décennies sur pratiquement toutes les générations de consoles de salon ou portables, la plupart étant des jeux de plateforme ou des party games. Après l’ignoble jeu adapté du film de Claude Zidi en 1999, une horreur sans nom, c’est surtout la saga Astérix et Obélix XXL qui sera mise en avant avec plus ou moins de succès dans les années 2000 et 2010. Après avoir édité un dernier volet mitigé en 2019, Astérix et Obélix XXL 3: Le Menhir de cristal, Microids, en association avec Mr. Nutz Studio, s’est lancé un nouveau défi en s’orientant vers un beat them up assez audacieux sur le plan marketing tant le genre reste associé aux années 80/90.
Après avoir eu l’occasion de le tester (sur PS4), qu’en pensons-nous ?
Ce qui marche
La première impression, visuelle, est stupéfiante. Tout le monde s’accordera sans peine sur le respect total à l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo, tant dans les graphismes repris presque à l’identique que dans les insertions de petits détails humoristiques tels que les onomatopées accompagnant les coups reçus par les ennemis, les gestuelles iconiques et les décors tirés des pages de la bande dessinée. C’est simple, l’immersion dans cet univers si familier est parfaite. On reste bien sûr sur de la 2D, plus proche donc d’une planche de BD, et un beat them up à l’ancienne qui ne demande pas des trésors d’animation pour les fonds et les personnages. Dans ce registre totalement assumé, qui rappellera aux plus anciens les heures passées sur des titres comme Double Dragon ou Streets of Rage, la promesse de coller au plus près de l’ambiance familiale et amusante des aventures d’Astérix et Obélix est tenue. En terme de développement, c’est donc du tout bon, avec des scènes entre chaque niveau rappelant les cases de la BD. Le studio a même fait intervenir deux comédiens de doublage bien connus, Jean-Claude Donda pour Astérix (comme dans Astérix et Obélix XXL 3: Le Menhir de cristal) et Guillaume Briat pour Obélix (qui, en plus du même jeu, le doublait également dans les deux long-métrages d’animation réalisés par Alexandre Astier et Louis Clichy).
La prise en main se montre rapidement naturelle, avec un usage assez simple des boutons pour les coups, qu’ils soient enchainés ou spéciaux. Chacun des deux héros que l’on peut choisir à tour de rôle – ou en coopération à deux joueurs – a ses coups spécifiques, calés là aussi sur les mouvements imaginés par Albert Uderzo, comme les baffes assénées par Obélix. On peut donc choisir l’un ou l’autre selon les moments, les scènes ou les attaques ennemies. Et là aussi, quel pied de foncer dans la mêlée, composée de Romains, de bandits, de pirates, de gladiateurs ! C’est à peu près tout ce qu’il y a à faire dans le jeu, qui porte bien son nom, mais au moins cet élément se montre jouissif (et souvent difficile, surtout pour un jeune public).
Les amateurs de la série retrouveront ainsi pas moins de 50 niveaux répartis sur 6 chapitres (un inédit et cinq tirés d’albums : Astérix chez les Bretons, Astérix et les Normands, Astérix en Hispanie, Astérix en Corse, Astérix et Cléopâtre). Les décors sont donc assez beaux et variés, même si l’environnement a tendance à être réutilisé dans des scènes différentes.
On notera par ailleurs la filiation évidente entre ce titre et l’excellent Astérix développé sur borne d’arcade par Konami en 1992, qui proposait déjà le même principe, presque les mêmes albums (seul Astérix chez Rahazade remplaçait Astérix et les Normands) et un gameplay, une jouabilité, un univers visuel quasi identiques. Si Baffez-les tous! n’est pas annoncé comme un remake, on s’en approche tout de même beaucoup…
Ce qui marche moins bien
Malheureusement, en plus d’une difficulté assez élevée – chaque game over renvoyant au début du niveau – en particulier pour les joueurs les plus jeunes, ce qui aurait tendance à rendre le jeu moins familial qu’espéré, le régal visuel et le plaisir de cogner des masses d’ennemis laissent vite la place à la lassitude. On ne pourra que trop conseiller de se garder de petites séances de jeu, peut-être un chapitre par jour, car la mécanique est très vite lisible et la répétitivité des défis affiche vite ses limites. Les rares mini-jeux proposés, des courses principalement, sur la plage ou après les sangliers, sont anecdotiques et superflus dans l’état. Les combats sur le bateau pirate lassent à force de revenir incessamment, et les boss sont ratés. Autant les batailles rangées réussissent à garder en fluidité et en challenge, autant les fins de niveaux n’apportent aucune plus-value. Qu’on affronte un centurion (toujours le même), Barbe-Rouge ou les autres boss de fin de niveau, rien de nouveau n’est apporté et ce n’est qu’un combat de plus. Plutôt décevant, car ça aurait pu faire oublier l’absence totale de cinématiques – hormis celle d’introduction, dans la grande tradition, dont la qualité fait encore plus regretter que ce soit la seule. En effet, entre chaque chapitre, un narrateur se contente de lire des cases de BD pour expliquer l’évolution de l’histoire. L’avantage est que cela colle au style d’Astérix, mais le manque de punch se fait rapidement ressentir. On n’a ainsi jamais le plaisir de finir un niveau pour débloquer une jolie scène, et l’enchainement d’un boss médiocre, d’une transition peu dynamique et d’un recommencement douche un peu l’enthousiasme. Un an après la sortie de la PS5, première d’une nouvelle génération, l’exploitation parfaitement maitrisée des consoles actuelles pouvait laisser espérer un peu plus de performance dans un style qui n’en exige pas trop.
Alors, bilan ?
Finir le jeu devrait demander autour de huit heures, suivant la difficulté choisie et son expérience. Plutôt pas mal pour un beat them up, mais le chiffre est gonflé par des répétitions de scènes inutiles (comme le bateau) qui auraient presque gagné à disparaître. Le jeu étant déjà disponible à moins de 40€ chez différents marchands, on peut penser que le tarif tournera vite autour de 30€, ce qui reste raisonnable. On aurait également pu débloquer des coups spéciaux au fil des niveaux, histoire de motiver à poursuivre l’aventure. Tout n’est pas parfait donc, mais le soin apporté par les studios est indéniable et laisse entrevoir un avenir radieux pour la licence, avec pourquoi pas un deuxième opus qui pousserait plus loin ses capacités, avec des décors plus variés, des boss plus compliqués à manier, une histoire évolutive et plus de dynamisme entre les scènes de combats. Les bases sont là, faisons confiance à Microids et Mr. Nutz Studio pour transformer l’essai en la pépite vidéoludique qu’il n’était pas si loin d’être.
Arnaud Gueury
Astérix & Obélix: Baffez-les tous !
Editeur : Microids
Développeur : Mr. Nutz Studio
Sortie : Décembre 2021
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