- Titre(s) : No limit (Ou comment survivre en milieux hostiles)
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Luke Healy
- Editeur(s) : Casterman
- Parution : Mai 2023
- Prix : 25,00 €
- EAN : 9782203231832
En 1913 et 1921, l’ethnologue et explorateur arctique canadien Vilhjalmur Stefansson organise et finance deux expéditions. Le but est de prouver que « la survie dans le Grand Nord – bien au-delà des villages inuits qu’il a visités – est non seulement possible mais aisée ». Ce sont deux véritables fiascos ! Durant la première, le Karluk, l’un des trois navires engagés, est perdu, écrasé par le pack avant de couler, et de nombreuses personnes meurent avant qu’une goélette américaine ne recueille les survivants quelques mois plus tard. Quant à la seconde, à laquelle ne participait pas l’ethnologue et dont le but était de coloniser l’île Wrangel, elle ne voit rentrer à bon port qu’Ada Blackjack, une Inuite, accompagnée du chat Vic. Embauchée comme couturière à Nome, elle s’est occupée du dernier homme sur l’île avant qu’il ne meure du scorbut. 2013, New Hampshire. Sully Barnaby, professeur d’université, est mis en congés forcés pour faute morale. Il découvre par hasard que son bureau a été celui de Vilhjalmur Stefansson. Il décide d’exhumer le fonds Stefansson de la bibliothèque du campus afin de découvrir qui il était.
Ce roman graphique de Luke Healy (Americana) est basé sur deux histoires vraies, celles de Robert Bartlett, capitaine du Karluk, et de l’Inuite Ada Blackjack, interconnectées avec celle de Sully Barnaby qui se déroule en 2013 et n’est que pure fiction. Cette bande dessinée ne constitue en rien un documentaire sur les deux expéditions car certaines sources utilisées sont des comptes rendus subjectifs dont certains sont plus justes d’un point de vue factuel que d’autres. De plus, des événements et des personnages ont été éludés, condensés ou encore fusionnés par souci de lisibilité, le but de l’auteur irlandais étant d’explorer à travers cet entrelacement le dépassement de soi afin de survivre à une catastrophe et de faire face à l’isolement qui en résulte en milieux hostiles, mais aussi d’aborder le regard, le jugement des autres et la capacité de s’en détacher. Au-delà de l’intérêt réel provoqué et exacerbé par la tension dramatique omniprésente, le lecteur est frappé tout au long de la lecture par les éventails de couleurs thématiques (1913, 1921 et 2013) qui constituent des éléments de narration à part entière, tout comme les longues séquences de silence le sont également. Les teintes pastels édulcorés définies comme couleurs « aurores boréales » par l’éditeur immergent tour à tour dans chacun des récits tout en contrebalançant avec leur dureté. Une modernité chromatique qui tranche de même avec l’utilisation du gaufrier classique pour la mise en page et un trait simple qui va à l’essentiel.
Un roman graphique instructif par son contenu et intéressant par son approche graphique qui pousse au questionnement. À découvrir.
Stéphane Girardot
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