Titre : L’Homme au sang bleu
Scénariste – Dessinateur : Emmanuel Moynot
Coloriste : Chantal Quillec
Éditeur : Casterman
Parution : Novembre 2017
Prix : 15€
Le 11 septembre 1946, Nestor Burma arrive à Cannes sous les coups de feu de la bande du « ganstère » Chichi-Frégi. Une fusillade en guise de bienvenue, son séjour sur la Côte d’Azur commence bien ! Ceci dit, il n’est pas là pour le plaisir mais pour une mission en apparence toute simple et, comme il le dit, de tout repos. Pour se loger, l’adresse est toute trouvée car Henri Leclercq, un ancien employé, fait dans l’hôtellerie depuis son départ de Paris en juin 1940. Ayant pris ses quartiers à l’hôtel du cirque, Burma se rend alors chez son client, Pierre de Fabrègues, grâce à Dédé Milandre, un autre ancien de l’agence Fiat Lux qui possède une auto. Une fois sur place, le commissaire Ange Pellegrini les accueille en leur signifiant que l’aristocrate s’est suicidé et que cet acte est en rapport avec une sombre affaire de faux biftons. Le détective privé qui met le mystère K.O. trouve cela un peu étrange voire facile et décide d’enquêter sur la mort de son ex-client. Le soleil, le pastaga, le festival du film et les jolies filles… un cadre idéal pour une investigation qui ne sera finalement pas si tranquille que cela !
Pour son cinquième album de Nestor Burma, Emmanuel Moynot prend la liberté de placer l’action de L’Homme au sang bleu en 1946 alors que celle du roman éponyme, chronologiquement le troisième où apparaît le détective, se situe en 1938. Pourquoi ? Tout simplement pour pouvoir intégrer un élément de taille dans le décor : la première édition du Festival de Cannes qui a eu lieu du 20 septembre au 15 octobre 1946. Une idée qui ajoute une ambiance festive autour de cette enquête où passions amoureuses, grand banditisme, faux biftons, anciens employés et ex-taulards contribuent à multiplier les pistes. Chacune d’entre elles se développe à son rythme sous le soleil de la Côte d’Azur et contribue à donner du corps à une intrigue très bien ficelée. Une adaptation riche en rebondissements qui bénéficie, une fois encore, du caractère bourru et caustique de Nestor Burma qui, au passage, supporte moyennement le « pastaga » ! Sans oublier le langage chantant du commissaire Pellegrini, « avé l’assent ». Graphiquement, l’auteur maîtrise son sujet et impose une légèreté de trait à cet opus en rapport avec l’esprit jovial du festival et de l’après-guerre. Saluons la belle prestation chromatique de Chantal Quillec, ainsi que les éditions Casterman qui ont fait une prépublication « feuilletonesque » en noir et blanc de l’album sous la forme de trois journaux d’époque.
Vous reprendrez un « pastaga » ? Non ! Mais je veux bien un autre Burma !
Stéphane Girardot
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